Rédempteurs de Lordaeron
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Rédempteurs de Lordaeron

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 Les papillons.

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shalîmar

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MessageSujet: Les papillons.   Les papillons. EmptyDim 10 Déc - 0:09

- Lorsque l’on aime, c’est… Comme si des papillons virevoltaient dans le ventre…

Et dans le cœur ?

La voix donnait la réplique. Tant de questions s’enchevêtraient, défilant en un murmure inquiet tandis que mon corps engourdis ne répondait plus. Alanguie sur un lit, plus ou moins malade, mes paroles semblaient parfois sibyllines. Je me sentais comme un grimoire dont on lisait la calligraphie secrète. Une façade morcelée.

Il y eut les éclairs. Foudroyant de partout l’intérieur de mes pensées. Chamboulée je l’étais. Enivrée jusqu’à la folie déconcertante, l’interrogation fulgurante s’aligna dans mon esprit et de mes lèvres. Aimer ? Je ne savais plus. Il y avait longtemps que cela m’importait peu. Pour moi, l’amour était synonyme de mort. De perte et de deuil.

Pourquoi donc s’appesantir en épanchement liquidien, dans ce cas ? Il valait mieux tracer une ligne de mire, loin des émois fragiles. J’ai toujours souhaité tout contrôler d’une main de fer. Il était absurde de vouloir s’attacher à n’importe quel prix, la destinée semblant n’en faire qu’à sa tête. Le glas sonnant bien trop souvent. Les perditions futiles n’étaient guère pour moi, les larmes non plus.

Les images s’engourdissaient à mesure que mon corps se relâchait. Sommeil… J’avais tant sommeil loin de l’étau mortifère qui enserrait mon âme. Mes paupières alourdies n’en demandaient pas moins. D’autres voix se firent entendre. Un songe impalpable, presque ridicule au vu du contenu. Un mélange du temps qui passe. Une requête incongrue. Des liens qui se nouent, et une promesse que je n’avais pu faire. Pas maintenant, je m'en sentais incapable.

- L’amour n’a pas d’age, de rang social, de race ou de sexe…

Peut-être. Il fallait revoir toute une éducation, la morale et bien plus encore. La voix s’estompa, me laissant avec mes divagations personnelles. Tout se fissurait sous mes pieds, et je me sentais engloutie par le sol. J’aurai aimé pouvoir me fondre dans le décor de cette chambre désuète. Anéantie par d’obscurs fardeaux. Devenir invisible, et disparaître loin des aveux illicites. Puis, l’ange apparut. Un ange perdu aux ailes blessées que je souhaitais protéger de mes maigres forces. De toutes mes forces. Les papillons prirent étrangement leur envol. Je voulais changer l’avenir. Empêcher le souffle glacial qui étreint sa vie…
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shalîmar

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MessageSujet: Pourquoi les papillons ? Parce que la chrysalide.   Les papillons. EmptyMar 12 Déc - 22:56

Citation :
Rétractée sur mon enveloppe, je me blottis contre le vide dans une marée maussade. Des pigments de noir et de blanc m'entourent, comme des bulles immobiles. J'ai les yeux cerclés de khôl, qui s'éparpille en sillon. De mon souffle s'échappe la froideur illicite, vapeur translucide. Mon corps est recouvert d'un plumage fuligineux. Mon visage cyanosé jure, tandis que mes lèvres s'empourprent. Ma chevelure aux longues ondulations s'enflamme ! Noir de geais, je suis noir de jet devant le flash indigo... Je suis stoïque, saisie dans l'instant. Mon regard fixe l'inconnu, face à face étrange. Mon regard pastel, qui se cristallise avant de se fondre sur le buvard. Je suis prostrée dans un carré, scotché aux quatre coins sur un mur blême. Un quadrangulaire posé à plat, comme un décor qui sonne faux au milieu de l'infini.

Un sommeil sans rêve. Un brusque réveil au dessus des chutes du tonnerre. La complainte humide d’une cascade sous le crépuscule parsemé d’étoiles. J’avais sursauté aux cris perçants provenant d’un vol d’oiseaux nocturnes…

Par la suite, des combats à n’en plus finir sous une lune ensanglantée. Des champs de bataille animés. Une colère sourde à étioler, un incendie ravageur à éteindre. L’appel du flot pourpre. N’était-ce pas le meilleur endroit ? Un corps usé, courbaturé, bleuit par diverses ecchymoses sur une peau trop pâle. Au moins, le soulagement aura été de courte durée.

A hurlevent, le soleil pointait déjà haut dans le ciel lorsque je croisais la kaldorei. Elle m’expliqua nombre de choses, puis la question vint. Il lui avait sauvé la vie deux fois, peu importe comment même si je détenais ses confidences. Ce serait un sujet de discorde, mais je ne voulais en aucun cas les empêcher de s’unir. Je ne savais pas dès lors, qu’à cause d’un simple point d’interrogation, d’autres allaient s’entremêler et devenir pure folie. Des sentiments d’autrui, découleraient les miens. D’une certaine façon.

La voix grésilla à travers le communicateur. Une voix masculine ayant appris un discours par cœur. Cela sonnait un peu faux, mais qui étais-je pour en juger ? Je profitais de cet instant pour poser la fameuse question. Un moment révélateur, et une curiosité sans faille. La rencontre était fixée.

Pas farouche, je repartis sous la pluie glaciale d’Elwyn. Changée en vitesse, une image correcte et de bon ton à présenter. Le masque continuait pourtant de se fissurer. Trop bien vêtue, trop propre, trop bien camouflée sous un rôle défini. La météorologie n’était point mon domaine, cependant je remarquais le contraste entre les diverses contrées. Subtilement, cela ressemblait parfaitement à mes émotions contradictoires. L’escarboucle balbutiant.

L’étrange homme m’observait sans même s’en cacher. Il me fixait puis se mit à décrire ma chevelure flamboyante. Déjà intriguée et mal à l’aise, il ne répondait pas à mes questions. Qui avait bien pu lui parler de moi ainsi ? J’étais trop enfermée dans mon dédalle intérieur, pour prêter la moindre attention à ceux qui souillaient mon nom. J’étais comme on le lui avait dépeint. Grand bien m’en fasse, au moins il me connaissait.

Je le suivis dans son refuge. Un mélange de silence et de sous-entendus. Puis les acteurs rentrèrent dans leurs rôles. Insidieusement. Lui curieux, moi hésitante. Je n’étais là que pour un sujet purement administratif. Un renseignement à obtenir. Point.

Je n’avais pas à dévoiler les secrets des autres. Ils décideraient le moment venu.
Que cet homme ait cru que j’allais me marier fut plutôt drôle. A vrai dire, je ne me suis jamais imaginée revêtue par des atours immaculée, surtout pas ceux de l’hymen sacré. Sauf près de dix ans en arrière. Cela ne devait être confié à personne, pourtant ma langue se délia.

Les aveux surgirent les heures passant. Je ne savais pas aimer. J’étais aussi froide que la pierre d’un rocher surplombant l’océan. Pareille à la glace mordante, même si l’on me poussait en des voies différentes. Je titubais sur le fil de ma perdition. Trop de douleur, trop de rancœur. L’amertume me consumait farouchement. J’avais tout enfermé et j’avais jeté la clef.

Des points communs avec celle qui se croyait mon ennemie ? Je n’en doutais pas, car en un sens nous nous ressemblions beaucoup. Du talent pour la magie, la même répulsion pour ce qui était impur et une incapacité à démontrer la moindre émotion. Elle s’endurcissait sûrement, tandis que je fondais imperceptiblement. J’ai su ce qu’elle avait offert à cet homme, en un sens la rédemption. Un moyen de se racheter, peut-être. Nos destins allaient se sceller doucement mais sûrement.

Elle l’avait laissé vivant, alors qu’il avait commis l’irrationnel. Je l’aurai sans doute laissé pour mort. Cela relevait presque du démonisme, mon avis était tranché. Je n’ai pas caché l’aversion que j’éprouvais envers son geste. Le doute s’installa, et j’ai songé effectivement à tout dévoiler aux rédempteurs. Rien n’est ni tout noir, ni tout blanc. Le retour de la médaille. Œil pour œil, dent pour dent.

Ces derniers s’inquiétaient. Une jeune guerrière s’alarmait de mes silences. Le roulis des vagues, de drôles de types. La clique comme il aimait à les appeler. Des hommes au passé douteux. Pourquoi étais-je ici ? Pourquoi suis-je venue ? Pour le travail.

Des secondes interminables passèrent. Que répondre à celle qui me faisait confiance, et à qui j’avais promis de ne jamais mentir ? Il me scrutait. Allais-je le dénoncer ? Finalement, non. Je résumais la situation en une phrase qu’il me dicta. Je discutais avec un ami.

Il était étrange et éveillait en moi le doute. Egarée, oui. Je l’étais toujours. Bien plus encore alors qu’il sondait mon âme. Evidemment, dix ans en arrière. J’ai faillis agir et me laisser guider par mon chagrin. Tout comme lui à une différence près. User de la démonologie afin de faire revenir celui dont je n’avais reçu qu’un unique baiser. Un baiser chaste sur mes lèvres tremblantes alors que la vie le quittait. Je n’avais pu le sauver, je n’avais pu rien faire.

On aurait pu croire l’histoire bancale que j’avais sortie tout droit d’une imagination fertile. Un conte à dormir debout, prêtant à rire lorsque je me suis présentée aux rédempteurs afin de les rejoindre. Avaient-ils besoin de savoir la vérité sur mon passé ? Une part l’était, l’autre non. Peu importait. Oui, j’avais entrepris un apprentissage pour devenir démoniste. J’avais voulu détruire, me laisser emporter par la souillure acerbe et perdre plus encore. Heureusement, il y eut la réminiscence. La seconde chance…

Je ne lui ai pas tout dit, mais je savais. Le désespoir se nourrit du chagrin et fait mourir l’enfant en chacun de nous. Il y a ceux qui l’ont gardé et qui restent vaillants. Moi, je l’ai étouffé. Je ne supportais plus ses pleurs.

C’est étrange comme tout se suivait. D’un jour à l’autre. A croire qu’ils s’étaient tous donnés le mot pour me faire changer. Cela en valait-il la peine ?

Un morceau d’horizon à m’offrir. Le seul endroit qu’il me tardait de visiter. Je savais pourtant que je l’aurai entier mais seule. L’horizon n’était qu’un objectif qui se reculait à chaque fois qu’on tentait de l’approcher. Une chimère. Il fallait juste y croire.

A mesure que les aiguilles défilaient sur les horloges, je me laissais bercer. Voilà qu’il m’avait fait pénétrer son rêve. On le faisait à deux, à présent. Je ponçais du bois. Je parlais de menuiserie. Puis il y eut comme une foudre cadencée dans un mutisme ambiant. Des mots de trop. Sa main enserra la mienne brusquement et nos regards luttèrent. Je l’aurai giflé. Je l’aurai griffé. Je l’aurai malmené dans une rage furieuse et incandescente ! Je l’aurai voulu mort à l’instant et lui donner le baiser amer de la fin. Je souhaitais qu’il disparaisse et qu’il me laisse en paix. La violence que j’éprouvais était sans faille. Il voulait que je me libère. Je restais de marbre ou presque. Il me relâcha et je paraissais comme une gamine perdue.

Je n’ai jamais baissé les yeux. Jamais je ne l’aurai fait. Jamais !
Je ne savais pas rêver. Je n’avais pas d’espoir, et je survivais au travers des autres. Cela était suffisant. Je n’avais rien à offrir. Juste mon aide, et je ne faisais que mon devoir.

La trahison était proche. Un songe se fait à deux. Il se partage. Il m’offrait le sien. Pourquoi moi ? Il ne le vivrait pas à mes côtés, juste l’esquisse durant quelques cycles. Il n’était revenu que pour achever une tâche. Il y eut un écho lorsque je prononçai le nom. Celui qu’il m’avait fait dire. Absurde manipulation. Le malaise m’avait étreint, l’on me cherchait. Cela le faisait rire… Une mise en garde.

Un flot de questions et d’incertitudes. Il y avait sûrement d’autres moyens. Et cette main qu’il ne cessait de me tendre. Je l’ai prise, curieusement d’abord puis avec moins d’hésitation. J’ai finis par me morfondre sur un rocher semblable à ce que je suis.

« - Tu vois que tu sais aimer : Tu pleures. »

Les nuages prendront les formes qu’ils voudront. Des promesses, toujours des promesses... Sa main je la garderai dans la mienne, mais le miracle sera de courte durée. Encore une fois, je vivrai à travers quelqu’un d’autre. Cela a toujours été ainsi, immuable. La clef, je n'en veux pas. L’étau de la souffrance, non plus.

Mon corps finit par s’engourdir, tressautant sous une toux oubliée l’espace de quelques jours. Le mouchoir blanc continuait de s’entacher. Une fiole absorbée. Je rejoignis le pays du sommeil réparateur, sans évasion. Juste des paroles, des images qui revinrent me hanter.

hrp : si c'est décousu, normal. Chaque chose en son temps.
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shalîmar

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MessageSujet: Re: Les papillons.   Les papillons. EmptyMer 13 Déc - 15:46

Lorsque tu fermeras mes yeux a la lumière,
Baise-les longuement, car ils t'auront donné
Tout ce qui peut tenir d'amour passionné
Dans le dernier regard de leur ferveur dernière.

Sous l'immobile éclat du funèbre flambeau,
Penche vers leur adieu ton triste et beau visage
Pour que s'imprime et dure en eux la seule image
Qu'ils garderont dans le tombeau.

Et que je sente, avant que le cercueil ne se cloue,
Sur le lit pur et blanc se rejoindre nos mains,
Et que près de mon front, sur les pales coussins,
Une suprême fois se repose ta joue.

Et qu'après je m'en aille au loin avec mon coeur
Qui te conservera une flamme si forte
Que même à travers la terre compacte et morte
Les autres morts en sentiront l'ardeur.

Émile Verhaeren


***

L’insolence résonnait au loin. Entre affres et frissons. Le toussotement reprit, et je dénichais d’une main lasse, le tissu de mes mensonges ostentatoires. Toujours ce flux d’une couleur pourpre échappé de mes lèvres scellées. Mes prunelles encore ensommeillées, tentèrent de distinguer le lieu. Je mis du temps avant de me rendre compte, de me souvenir. J’étais à l’autre bout du continent, allongée sur un matelas à même le sol, dans une pièce qui était mienne maintenant. Faîte de bois, pas très grande mais intimiste. N’émergeant de nulle part, si ce n’est de ma propre noirceur, je me relevais dans l’espoir de trouver quelque chose de familier. Il n’était pas là. Je rangeais mes affaires, et faisais ce que je pouvais pour me donner une allure convenable. J’entrepris d’avaler un repas léger, mes iris verdoyants rivés vers le zénith. Je me souvins alors d’une vague lecture…

Un horizon en philosophie est un concept à rapprocher de l'aveuglement
Conceptuellement, l’horizon est la limite de ce que l'on peut observer, du fait de sa propre position ou situation. L’horizon comme concept physique simple, un cercle centré sur l’observateur entre le ciel et la Terre, tenant compte de la courbure de cette dernière.*


Une ligne imaginaire... L’étendue malachite de mes dispersions me ramena inévitablement à ce lieu. C’était son refuge, mais également le mien. Il m’avait tout montré. J’étais libre de venir, de repartir ou bien de rester des jours entiers. La veille, j’avais ressenti qu’il ne voulait pas que je rentre en ville. J’ai trouvé cela étrange. Peut-être choquant sur le moment. Certes, je n’avais pas envie de le quitter, mais hésitant comme à mon habitude, il trancha pour moi. Je le suivis à tâtons. C’est ce qui m’inquiétait d’ailleurs. Cependant, n’était-il point agréable de discuter avec un ami, et fuir présentement les soucis actuels pour esquisser des « possibles » ?

C’est ensuite que j’entrevu la réalité. Sa vérité. Ironiquement, ma gorge se noua avant que je retrouve ce rocher. Je préférais être seule que mal accompagnée dans ce silence immobile, ce défilement de brume humide sur mon visage, tandis que mon âme tambourinait à la lueur des pulsations intérieures.

« Pauvre sotte, mais que fais tu ? Tu vas te laisser berner par un inconnu ? Il t’aura dit de lui ce qu’il souhaitait. Il pointe d’un doigt enjôleur tes failles béantes, visibles par n’importe qui. Tout le monde a une face cachée. Il a réussi à te faire croire tant de choses en si peu d’heures… Ma pauvre fille, mais regarde-toi ! Où est l’ambitieuse Bérénice, celle qui apporte la victoire, qui résiste et affronte tout sans broncher ? Ne te laisse pas avoir, ce ne sera qu’un poignard de plus… »

Visualisant rapidement mon reflet sombre, sous le doux berceau lunaire, je vis quelque chose se figer. L’empyrée sans étoile. Il m’avait rejointe, déposant une couverture sur mes épaules et m’avait murmuré cette phrase. Nous avions fait demi-tour, alors que sa main tenait encore la mienne. Toute la rencontre continuait de défiler, cet étrange échange qui passa si aisément du vouvoiement au tutoiement, plus personnel.

Le réveil était donc noyé d’hésitations. Encore et toujours. J’avais quand même osé demander qu’il m’apprenne à pêcher. Il avait de drôles de façon, et cela était fort risible. Un échange de bon procédé officieux s’était mis en place. Que savais-je faire ? Tant de choses, et si peu à la fois. Cela semblait suffisant. Le néant se déversait de lui-même comme un vénéfice insidieux. J’avais envie d’hurler ce nom interdit pour savoir ce qui était vrai.

Je ne l’ai pas fait, pourtant l’envie ne manquait pas. Une ombre planante au tableau des espoirs vains. Comme je le lui avais expliqué, peu m’importait les illusions, la culpabilité et que l’on me fasse croire que j’avais moyen de tout régler en retournant en arrière par un vulgaire objet dérisoire. Je n’y croirai jamais. Seuls les faibles pouvaient oser se laisser avoir par du factice. J’avais eu beau verser des larmes, avouer mes peurs. J’en avais conscience et là était le point central de mon affliction. Alors toutes les images, aussi réelles soient-elles, ne pourraient strictement rien changer à ce que j’avais pu vivre en amertume. Le désenchantement abscons des abîmes lancinants. J’en connaissais l’odeur ainsi que le goût acre.

Je ponçais, pensive, comme je l’avais fait la journée précédente. Un peu, beaucoup. Le temps passait, et je finis par me dire qu’il me fallait retourner en ville. Il y avait de la besogne ici. Je n’en doutais pas et cela me fit sourire. Je déposais un mot sous sa porte, un brin moqueur, devant les regards intrigués des autres personnes présentes.

Citation :
Je ne rentrerai certainement pas ce soir. Du travail, beaucoup…
Je sais, je devrais l’oublier parfois mais pas là... J’ai aussi des courses à faire. Dommage que je ne sois pas noble, j’aurai pu avoir un serviteur. Prend soin de toi.

Shalîmar

P.S : Au fait, n’as-tu pas plutôt songé à un sextant ? Beaucoup plus précis si tu veux mon avis.

De retour à Hurlevent. J’arpentais les ruelles. Le brouhaha ambiant me fit mal aux tympans. Une journée loin de tout et je me déshabituais de cette effervescence. Mes réflexions portaient sur le passé de pas mal de membres du duché que je découvrais au fil de mes pérégrinations. Chacun avait ses zones d’ombre, mais les faux-semblants étaient de mise. Certains étaient honnêtes, heureusement. Cela prêtait à rire. Et dire qu’il m’avait comparé à une noble ! L’habit ne faisait décidément pas le moine, c’était certain.

Je me mis en quête d’une canne à pêche. Des souvenirs émergèrent de mon propre néant. Ne pas y penser. Rêveuse, je savourais finalement le fait que l’objet de toute mes convoitises aurait son histoire. Sur le ponton, j’épiais la vie défiler devant moi en le brandissant, ne sachant comment le tenir. Je partis le déposer dans mes quartiers, et fis demi-tour sans demander mon reste après quelques prières pour mon salut, pour le sien, pour d’autres.

Hrp : *source wikipédia, pratique pour certaine définition.


Dernière édition par le Ven 15 Déc - 10:51, édité 2 fois
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shalîmar

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MessageSujet: Le renoncement   Les papillons. EmptyJeu 14 Déc - 11:19

Le vase où meurt cette verveine
D'un coup d'éventail fut fêlé ;
Le coup dut l'effleurer à peine,
Aucun bruit ne l'a révélé.

Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre
En a fait lentement le tour.

Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé ;
Personne encore ne s'en doute,
N'y touchez pas, il est brisé.

Souvent aussi la main qu'on aime
Effleurant le coeur, le meurtrit ;
Puis le coeur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;

Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde :
Il est brisé, n'y touchez pas.

Sully Prudhomme


***


Un voyage parmi l’ultime beauté. Des craintes puériles mouchetées de rires. Des secrets bien gardés, et puis…

L’ange observait de sa branche aux fruits d’or le temps incertain. Il jaugeait de toute sa splendeur l’inévitable confrontation de ses déboires. Cherchant l’attrait du cœur, il courrait en tout sens dans l’attente de son sauveur. Ce dernier ne venait pas, et pourtant une lumière jaillit quelque part sur son trajet. Il s’y accrocha comme un nocturne lépidoptère. Offrant toute sa pureté dans un halo bienfaiteur. Sentant la sève du naufrage s’en prendre à ses flancs, il courba l’échine. Il s’affaissa jusqu’à ce que l’obscurité vienne lui susurrer des mots doux et tendres.

« Viens mon amour ! Viens me border dans la couche de nos morsures meurtrières. J'ai des envies de sang violine sur le duvet de nos égarements. Regarde toi, blanche colombe ! Admire mon affable monde de tes yeux divins. Des feux statufiés s’embrasent sans éclat. L’éclaboussure du mensonge obsolète aux pieds des colonnes de chairs rompues. Tu agonises à travers les vents brumeux, au travers des espérances interdites. Pleures, pleures, mon ange à la lueur de tes alcôves vides… »

Il s’égara et tenta de se briser les ailes. Les plumes s’éparpillaient, lactescentes, sur le sol. Aux abois, hurlant sa frénésie candide. L’innocence du cauchemar. Il voulut disparaître. La main se tendit alors que la monstruosité de l’acte reprenait de plus belle en murmures aguicheurs.

« Les sens t’interpellent. Je devine ta peau sous des flots jaillissants de mots étranges. Je la lacère, je l’abîme. Tu aimes tant cette souffrance que je t’offre à travers ma puissance, n’est-ce pas ? Je sens la témérité de ton angoisse se transformer. Brûles, brûles, désir fugace à l'apogée des sceaux brisés ! Livide parjure de la caresse sur le mur de tes prunelles aveuglées. Voilà que je te possède ! Il te faut sombrer maintenant ! »

La main rattrapa l’ange, trop tardivement. Les fruits s’empourprèrent. Elle le prit et l’emmena loin. Des sanglots et la foi. Celle qui éclaire et réchauffe les corps endoloris. Des prières et des confessions. La notion de sacrifice prenait son ampleur. Parfois, pour sauver un ange il fallait devenir démon…

La main n’était que l’une des extrémités d’un de ces corps endoloris. Un corps qui deviendrait une offrande, lui aussi, tout comme l’ange cloîtré dans ses propres ténèbres. A quel prix ? Celui d’une conscience éthérée, du sang mauvais. De la vie et du rêve. La gaillardise des destinées déjà incisées. Pour vaincre, il fallait savoir aller au-delà des antipodes de sa propre existence.
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shalîmar

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MessageSujet: Re: Les papillons.   Les papillons. EmptyVen 15 Déc - 10:29

Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,
Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes,
Comme montent au ciel les soleils rajeunis
Après s'être lavés au fond des mers profondes?
O serments! O parfums! O baisers infinis!

Charles Baudelaire
*


***

Lisse l’orangé du couchant, où avec moi j’emportais mes paquetages remplis de tourments. La douceur d’une brise automnale qui emmenait avec elle quelques feuillages, dénudant chaque arbre, et mordorait les herbes sèches.

L’ange aux ailes fanées recevait les baumes cajoleurs, et des onguents qui cicatriseraient son mal pour n’en faire qu’un ineffaçable souvenir. Il y avait l’amer goût du chantage en ce pacte acharné, une duperie inconsciente et cruelle. La main salvatrice s’était retirée en absinthe absente, pour écouler lentement le fardeau pesant. Ailleurs, où les ménestrels chantent le ravissement que suscitent des palais imaginaires. Une salle lumineuse embellie par les flammèches des bougies qui se lient et se délient, sur des chandeliers d’argent. Les mets les plus délicats ornent des tables aux nappes de dentelle et d’or. Tout n’est qu’élégance et raffinement. L’enchantement dans toute sa somptuosité !

Des palais où les femmes sont parées d’organdi et de mousseline, fines et légères, et de bijoux si précieux que leurs éclats éblouissent d’envie les malandrins. Plus belles que les aurores naissantes, dansant mille valses à la cadence des envolées lyriques. Des palais où les hommes portent des tenues de velours et des chemises de soie. Des princes qui, à l’aube venue, peuvent se transformer en vils crapauds. Etreignant leurs dames, ils les empêchent de fuir, et si la malédiction venait à les désunir, un seul baiser pourrait suffire.

« Dansez damoiselles et damoiseaux ! Que les spiritueux coulent à flot ! Que les chères vous ravissent ! Que ce ballet extravagant vous réjouisse ! Une fois dans votre existence, savourez ces instants bénis, mais n’oubliez pas que le glaive au fourreau survit ! »


Hrp : * "Le balcon" Dernier passage.
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Donatius




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MessageSujet: Re: Les papillons.   Les papillons. EmptyLun 18 Déc - 0:38

[HRP]Shalîmar écrivant beaucoup plus vite que moi, je condense deux textes dans ce message pour rattraper une partie du retard.

A quoi pensait-elle ? Donatius observa la minuscule silhouette qui avançait vers la porte d’enceinte tombée bas de Stromgarde. Jusqu’où comptait-elle aller, juchée sur sa jument percheronne, enfermée dans sa robe bien mise, hésitante en ne le voyant pas ?
La consultation d’une vulgaire note, ou même le simple bon sens, suffisait à répondre à la question qu’elle avait posée. Au lieu de cela elle l’avait interrogé, lui. C’était pourtant la première fois qu’il pensait à brancher la fréquence associée sur le communicateur à la Fédération dont il se fichait comme d’une guigne. Il lui avait proposé hypocritement de le rejoindre au Refuge de l’Ornière, oubliant aussitôt ses paroles, persuadé qu’elle ne donnerait pas suite.
Elle était venue. Il s’en était amusé. Il avait prolongé le jeu jusqu’à Stromgarde. Elle avait suivi. Il s’était posté sur un promontoire rocheux près de la route, attendant de la voir apparaître en se demandant s’il allait disparaître en la laissant seule ou prolonger encore le jeu…jusqu’à Moulin-de-l’Ambre, pourquoi pas ?
« Vous vous cachez ? »
Il ne se cachait pas. Il marchait déjà derrière elle, l’ayant presque rejointe et s’adressant à elle avec assurance. Lorsqu’elle se retourna une onde de choc fondit sur lui, une onde qu’il n’avait ressentie qu’une fois, il y a bien longtemps sur une plage de Strangleronce. Cette chevelure flamboyante, ces yeux de jade, ce visage laiteux…cet air perdu surtout, témoin d’une vulnérabilité sans bornes masquée par une distance vite affichée. Il aurait dû fuir à cet instant.
Au lieu de cela il l’emmena dans son refuge. Il l’emmena sur les sentiers oubliés, dans le labyrinthe de la grotte à flanc de falaise, sur la barque traversant la crique alors que le Fleur des Mers mutilé par des décennies d’abandon se profilait, épave flottante laissée au bon soin de la clique rassemblée ici. Elle jeta un regard inquiet à l’ogre Mosh’Ogg qui surveillait le rivage. Donatius lui offrit un vieux tonneau pour siège et ne cessa de l’observer, répondant des banalités à des questions qu’il n’écoutait pas.

A quoi pensait-elle ? Elle était mage, c’est vrai. Puissante peut-être, même si elle avoua au cours de la conversation ne pas avoir les compétences de Phaenan. Tout cela ne la protégeait pas d’une dague affûtée. Elle était venue jusqu’ici seule, vêtue d’une robe élégante dont l’extrémité était déjà sale et humide, ayant pour seule protection la confiance qu’elle avait placée dans un inconnu retapant un rafiot avec une clique composée des types les plus louches qu’il était possible de trouver. Tout ça pour savoir à qui il fallait s’adresser dans le cadre d’une demande en mariage ? Absurde.
Donatius se renfrogna soudain. Il avait vaguement entendu parler des difficultés de la Fédération au sujet des démonistes. Malaky menait la fronde…cette femme cherchait-elle à déstabiliser la nouvelle Vicomtesse en pointant du doigt le passé trouble d’un membre du Duché, membre que par ailleurs l’archimage protégeait ? L’Aarkonien songea un instant créer un lien de divination avec Phaenan puis abandonna l’idée : il pouvait bien gérer cela tout seul.

La conversation dériva doucement comme un voilier abandonné soumis à la brise. Elle avait sa réponse, pourquoi restait-elle ? Et lui, pourquoi ne lui demandait-il pas de partir ? Il menait la danse pourtant : il choisissait les endroits, les moments, les sujets. Une nouvelle fois décontenancée par un de ces volte-face et autre changement de direction, elle avait fini par lui demander mi-amusée mi-agacée s’il lui arrivait d’attendre.
« Je sais où je vais »
Le seul mensonge de cette soirée improbable : ses gesticulations n’étaient que le reflet du chaos qui s’était emparé de son esprit. A droite, à gauche, en haut, retour au bateau, escalade du rocher, le feu de camp de nouveau. Oui, il paraissait à chaque fois savoir précisément ce qu’il faisait. Assurance de façade, il luttait. Toute son âme tentait de préserver une vieille promesse qui se désagrégeait, tout son cœur hurlait d’oublier les fantômes et de se tourner vers les vivants, tout son corps masquait sa fébrilité par de longues marches.
« Je ne laisserai pas cette femme être sacrifiée sur l’autel de ta sérénité, Donatius ».
La voix de l’archimage résonnait dans sa tête, répétant inlassablement les propos tenus un soir passé à contempler la Marche de l’Ouest du haut d’une cascade.
« J’aime le calme avant la tempête ».
Non, il n’avait aucune idée d’où il allait. Pourtant il luit tendit la main, proposant de l’emmener. Et, contre toute attente, elle accepta.

Shiki a écrit:
Au papillon je propose d’être mon compagnon de voyage


Elle était partie. Elle était revenue. Elle était restée.

« Repousse-moi. Déteste-moi. Je t’en prie. »
Dernière virevolte d’un papillon tentant de résister à la bourrasque l’entraînant là où il a peur d’aller. Donatius ne doutait plus : ignorant les paroles, il serra celle qui les prononçait contre lui et l’embrassa. Ultime tentative lancée dans un murmure…jette-moi en bas de ce pont.
Donatius affermit son étreinte, portant son regard sur l’horizon et faisant divaguer sa mémoire dans le souvenir des jours précédents. Des confidences recueillies sur le tapis verdoyant des rivages de la crique, deux promesses brisées à la poupe d’un navire pour une nouvelle à bâtir, un rêve tel un cadeau consenti, une chrysalide entrain d’éclore dans un écrin de tissu rouge…et cette peur qui était revenue avec l’envie de vivre et ressentir. Peur diffuse en son absence constatée, peur sourde lorsqu’ils se retrouvaient tous les deux, peur courroucée lorsqu’elle était venue le rejoindre pour récupérer la cargaison volée par les ogres, peur partagée tant elle s’inquiétait pour lui.
« Ne me lâche pas. Jamais. »
Ce soir-là elle l’avait serré de toutes ses forces, et il devinait qu’elle l’avait longtemps regardé dormir avant de se laisser à son tour dominer par le sommeil. Leurs cœurs étaient des palais magnifiques de royaumes enchantés où l’un et l’autre régnait sans partage. Nul ennemi, nulle contrainte, nulle charge en ce lieu ou tous deux s’étaient endormis. Elle avait décidé de rester, de partager son rêve.
« - Je n’ai qu’un bout d’horizon à t’offrir.
- C’est tout ce que je désire. »


Donatius inspira longuement et regarda en bas du viaduc. Le bras de mer en contrebas semblait un vulgaire ruisseau. Vivre, ressentir…le vertige était-il tellement grand qu’elle préférait mourir qu’éprouver cela ? Etait-il possible d’aimer autant ?
« En bas du pont… »
Il ne voyait plus son visage, enfoui contre son épaule. Elle ne répondit rien. Donatius jaugea la distance…pure folie. Si Shalîmar n’utilisait pas sa magie, il n’était pas certain de pouvoir la sauver. Elle avait deviné ce qui lui traversait l’esprit, et ne fit rien pour l’empêcher. L’entraînant avec lui, il plongea.

Chute vertigineuse, les falaises qui défilent indistinctes, la surface de l’eau qui semble jaillir comme une fontaine. Donatius sentit Shâlimar frissonner contre lui. Elle n’avait pas crié, ni même laissé échapper un murmure ou un hoquet. Le froid, l’amour, la vie, la confiance…elle s’en remettait à lui. L’angoisse s’abattit : et s’il n’arrivait pas à la sauver ? S’il la laissait s’enfoncer, elle aussi, dans les sombres profondeurs ? La panique s’insinua dans son esprit, dans son cœur, dans son cerveau, dans ses membres. Il puisa dans la Lumière et dans les Arcanes, se concentra, manipula les flux à portée, modela l’air…il n’avait pas assez de temps, il restait quelques mètres à peine. Il ne pouvait plus éviter l’impact. Shalîmar frissonna de nouveau. Elle savait. Tout devait donc se terminer ici, deux êtres égarés se télescopant et s’entraînant vers l’abîme.

[HRP] suite à venir...


Dernière édition par le Mar 19 Déc - 20:37, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les papillons.   Les papillons. EmptyLun 18 Déc - 11:13

Un long périple. L’abstraction du présent. Le passé devait rester secondaire. Loin du grouillement incessant qu’était la fourmilière de la capitale, vers la région aux splendides kyrielles ricochant sur les pierres humides. Un lieu emprunt d’un lien indélébile. Là où s’endorment les soleils diluant leurs embrasements dans la houle silencieuse.

Il y eut la curiosité, puis des éclats épars. Les feux du ciel s’étaient déchaînés à tout rompre, incisant un sentiment de malaise, d’injures, de compassion et d’amour. Il me fallait effleurer, esquisser sur le quai des possibles. Le sortilège s’était renfermé sur moi. Une lutte forcenée mais je m’étais déjà avouée vaincue. Qu’il me tue ! Qu’il me détruise pour avoir oser frôler mon escarboucle balbutiant !

Je ne ressentais pas la douleur. A vrai dire, force était de constater que la vraie souffrance n’était pas physique. Puis, il y eut l’aveu illicite. Vivre. Qu’il en soit ainsi ! Je les vis danser sur un parterre de bois noble et lustré à la cire, de leurs pas hésitants. Ils se cherchèrent, et leurs doigts se nouèrent pour avancer ensemble.
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MessageSujet: Re: Les papillons.   Les papillons. EmptyLun 18 Déc - 11:49

Un retour aux sources. L’inébranlable fracas délicat prenait un envol séduisant et obscur. Les pensées se mêlaient aux doutes et à la confusion. L’ange se rétablissait.

La main salvatrice caressait l’oripeau de sa chevelure. Comme une mère, elle lui prodiguait des soins, l’écoutait et faisait de son mieux. Le vénéfice prenait un visage mélancolique. Puis il y eut un bouleversement dans la chambre des secrets. Entre deux allers-retours. Elle ne revenait pas seule.

Cette main que je tendais, tandis que l’autre était ailleurs, entre celles d’un individu pour le moins déconcertant, revint se poser légère. Il avait écouté la complainte dans la salle des pas perdus. Je me suis sentie absurde, jugée, sale, horriblement sale. La prison de la culpabilité étendait ses tentacules. J’aurai voulu mourir, encore. Sauter, ne plus me relever et laisser mon corps aux vautours affamés. Qu’il me déteste, me haïsse pour le péché commis ! Surtout qu’il me libère ! Il sauta avec moi et la magie fit son œuvre, je savais voler. Lui aussi.

Il voulait voir l’ange. J’étais perplexe, et il y avait cette stupide caisse qui m’intriguait tant. Il fallait choisir. Dans une tenue des plus ridicules, je ressemblais à une fermière. Quelle idée aussi de vouloir crapahuter à tout va ! C’est fou ce qu’il aimait les mystères. A la fois, piquée sur le vif, je ne masquais jamais ma curiosité. Fichu vice !

Je l’emmenais donc voir celle vers qui mon inquiétude et mon impuissance étaient tournées. Il en posait des questions, et je me taisais. Je n’osais intervenir dans ce dialogue où la faiblesse aurait eut raison de moi. Je finis par comprendre, l’illumination ainsi que l’exaltation vinrent. Je savais enfin ce que je ressentais, et je n’avais plus à le cacher. L’ange reçut une sorte de leçon, provenant d’un parfait inconnu. Je fis le reste. L’ange ne méritait que l’amour pur sans la souillure du charnel, qu’un amour inaltérable. Un amour maternel.
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MessageSujet: Re: Les papillons.   Les papillons. EmptyLun 18 Déc - 13:07

Citation :
L’insoutenable ardeur. Souffle coupé... Le tiraillement de l'interdit qui oppresse, comme on presse les âmes dans le désir. La nudité des mots s’affole comme des lèvres disjointes qui se découvrent. L’infini grandiloquent où se ressent la palpitation. L’attente qui subjugue l’émerveillement. Dans ce souffle là, quelque part dans ces écarts. La caresse dans le flot de paroles. Le baiser osé sur une nuque qui se tend, parcourue d’exquis frissons à une bouche avide. L’esquisse hypnotique sous le soleil magnétique, de nos mémoires, qui cligne des cils. L’esprit chavire, bascule et bouscule doucement, sous l'avenante invitation...

Rire et pleurer, était-ce possible à la fois ? C’est ce que je ressentais, comme un caprice intérieur. Une brûlure douloureuse, venimeuse, qui laissait sa trace. A la fois enlaidie et belle, mon regard smaragdin se morfondait et s’enflammait en un même mouvement. Fou. Une dispersion affolante qui renversait ma morale, abattait mon temple sacré où s’étaient encensées mes croyances. J’avais le vertige et la terreur tenaillait mes entrailles frémissantes.

Le temps s’est mis à s’effiler, se sublimer et se mélanger. Le temps était polymorphe et indécis, tandis que je me posais sur une toile étrange, funambule sur des fils flavescents. L’espérance me volatilisait. La blanche angoisse voilée s’appréhendait d’elle-même. Il devenait l’absence téméraire, l’opium qui se distillait lentement en chacune de mes pores. Tout s’éclairait dans mon placard insalubre. Une lame déchiquetait la corde émotive, instable étouffoir, sans effusion de sang. Je me mettais à naviguer à contre-courant dans l’éden de mes pulsions, en pâmoison. Attendant mon salut libérateur dans la jungle de son inspiration saccadée.

Tout le reste devenait insignifiant, sauf l’ange que je voulais sauver et protéger. Il le savait. Les nuages avaient pris la forme de propylées.
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MessageSujet: Re: Les papillons.   Les papillons. EmptyMar 19 Déc - 11:33

Alors que tout semblait apaisé et calme au zénith d’une lune nouvelle. Un murmure se transformait en cris révoltés à travers un communicateur. C’est une nuée de corbeaux noirs et croassant sauvagement qui fondit sur le lieu sacré des croyances lumineuses. Il fallait parfois faire des sacrifices, et ravaler sa fierté. Je n’avais plus ma place chez les rédempteurs, et la situation gravissime avait atteint des sommets. Le ridicule prenait le visage de vulgaires pantins. Je n’avais plus à cœur de jouer cette façade de mensonges, ni même de porter sur mes frêles épaules ce qui ne m’appartenait pas. A trop vouloir sortir des marais boueux les paumés, en les assistant, on s’enfonce. Ce fut le point de non retour.

Il y a des jours où il vaudrait mieux se taire. Ainsi, j’ai voulu les prévenir eux, cherchant un appui solide pour aider mon ange. Ils détenaient ma confiance, mon respect et toutes mes valeurs et morales que j’avais placé en eux. Et ils se mettaient à me lapider parce que j’osais discuter avec une messagère de paix. Je ne la voyais pas en tant que telle, mais en une mère qui avait retrouvé sa fille, qui l’avait sauvé et qui devenait un exemple pour moi. Parce qu’ils avaient été mis au courant tardivement pour mon ange. Trois simples jours, où j’avais tenté de dire les choses mais personne ne m’avait écouté. La seule personne avec un semblant d’esprit, restait cartoril. Il avait eut raison sur toute la ligne.

Je protégeais mon ange du mieux que je pouvais. Leurs regards la scrutaient, et se faisaient froids sur moi, tandis qu’elle blottissait sa main dans la mienne. J’ai eu l’espoir fou qu’erthran pouvait m’aider, et j’émis l’hypothèse que l’on pouvait couper le lien mentalement en s’insinuant dans son esprit. Je ne pouvais y aller seule, je savais pertinemment ce que cela me ferait. Cependant, lui pouvait tenter avec mon aide, des rituels de protection et ses dons du sacré même s’il les oubliait. Là, ce fut le drame affolant. Il voulait le faire seul, et son visage trahissait ce désir ardent de puissance ! Hors de question que je laisse mon ange entre ses mains, j’irai avec lui. Je ne la lâchais pas, jamais. Les autres pour une fois allèrent en mon sens et sentirent que quelque chose de grave se tramait.

Il m’insulta, jaloux du lien noué avec elle. Il voulait que je la laisse, et rompre ce fil inaltérable qui nous unissait toutes deux. Je ne pouvais pas.

Quelques jours auparavant, je le lui avais dit. Qu’il avait été inconscient de la pousser dans cette quête dangereuse et absurde. Nous nous étions disputé, moi voulant à tout prix que cela cesse, lui disant qu’au contraire, cette merveilleuse épée était une bénédiction et qu’elle aiderait à vaincre ! Pauvre type, imbécile et sournois, je sentais l’ombre te gagner mais je n’avais pas encore vu à quel point tu étais corrompu ! Déchu ! Que la lumière le guide ! Je ne pouvais plus rien faire pour lui. Nombriliste et égocentrique, il voulait tout le monde à ses pieds, et uniquement à son service, pour le sauver lui de sa propre déchéance, fautif ou pas, mais enfoncer les autres dans sa folie meurtrière. Qu’il en soit ainsi ! Je sauverai mon ange, même si je dois périr, je la sauverai…

Il continuait de me provoquer, de m’insulter. Alors oui, rien à faire du conseil, rien à faire des rédempteurs à cette minute précise et des autres qui suivraient. Mes pensées convergeaient uniquement vers elle. Reprenez votre tabard ainsi que votre pouvoir ! Gardez-le et faîtes en bon usage. Ils pouvaient se le mettre là, où… Qu’il aille se faire voir ! Ainsi, mes paroles devinrent vulgaires. C’était rare, mais cela arrivait. Tandis que la garde venait me chercher comme une malpropre, je lui crachais au visage. En langage simple, cela signifiait qu’il ne méritait que mon mépris, et c’était symbole de mort pour mes ennemis. Qu’il touche à un de ses cheveux, je ne ferai aucun cadeau ! Je lui avais fait la promesse que s’il sombrait, son sort serait scellé. L’avait-il oublié ?

Encore une fois, je ne pouvais agir de l’intérieur alors j’agirai de l’extérieur, avec comme unique bagage : La vérité. Je n’avais rien à me reprocher si ce n’est d’aimer. Je lui ai dis à mon ange, que je l’aimais et que je ferai tout. Les gardes m’embarquèrent, et c’est un prêtre à l’air affligé qui comprit. Il m’écouta, et me conseilla de faire ce qui me semblait le plus juste. Je n’étais en rien corrompu, bien au contraire et cela me remit du baume au cœur.

Je savais quelles étaient les personnes qui pouvaient m’apporter leurs soutiens. Ainsi, je prévins ceux qui m’avaient fait confiance. Ils m’écoutèrent. Certains savaient déjà. Je n’étais pas seule, bien au contraire. Le plus ironique, c’est que je les pensais ennemis alors qu’ils s’appréciaient franchement. Je craignais que cela n’entraîne d’autres tourmentes, mais à ma grande surprise, non ! Ô bénédiction des rencontres fortuites qui deviennent amitiés solides, que j’ai bénis cet instant ! J’en aurai pleuré de joie, malgré la tristesse lancinante.

En mon cœur et mon âme, je décidais donc de devenir certes, l’ennemie première à éliminer des rédempteurs. J’envoyai brièvement une missive à ceux qui me paraissaient les plus éclairés. Trahison ? Non, juste retour des choses. Quand on commet un acte, on assume les conséquences. J’ai toujours assumé les miens, peu importe le prix à payer. Je dis toute la vérité, rien que la vérité, je le jure. Ainsi, je délaissais mon rang, mes obligations illusoires et factices, pour ne devenir qu’une civile réfugiée au sein du duché d’Aarkonie. Les premières menaces ne tardèrent pas à pleuvoir. J’attendrai de pied ferme mes soi-disant bourreaux, mais je sauverai mon ange. Quoiqu’il m’en coûte, mais je n'étais plus seule.

Citation :
[...]
Vous voulez me tuer ? Très bien, n'hésitez pas et frappez fort ! S'il y a bien une chose dont je n'ai pas peur c'est bien de ça, donc ne vous gênez pas. Laissez moi juste le temps de sauver celle que j'aime comme ma propre fille, comme ma chair et mon sang. Le reste n'a que peu d'importance, et encore moins ma vie.

Bérénice Théodora.

Pas ma vie, mais mon sang ? Je sentais que le jeu allait être passionant. Rumine donc ta vengeance. Rira bien qui rira le dernier.
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MessageSujet: Re: Les papillons.   Les papillons. EmptyMer 20 Déc - 14:34

Citation :
Sautiller, à pas perdus dans le noir des flaques amoureuses.

Les papillons. Ad1db25b


« - Tant mieux, tu n’es rien qu’à moi à présent. »

Ses paroles se gravèrent en mon esprit. L’espace d’un instant je me mis à avoir peur. L’abîme se fendait sous mes pieds, et j’étais engloutie. Le doute. Un tourbillon m’avait entraîné en si peu de temps. Tout s’imbriquait pour que je vienne à lui. Indéniablement, j’étais à lui. J’avais choisis. Enfin non, je ne sais plus vraiment. Pourtant une question me taraudait.
Ce ton possessif non dissimulé…

« - Il te manipule ! Il te dit ce que tu dois faire ou non, et tu obéis ! »

Entre ses mains, j’avais l’air d’une poupée de chiffon. Il est vrai. Tellement égarée, abattue. Je me laissais emporter dans ses bras, vol au vent, naïve, bercée, cadencée. Il faisait absolument tout ce qu’il voulait de moi. Enfin, pas complètement. Il semblait me guider d’une main de maître dans la bonne direction. Cela n’offensait en rien ma morale ou mes pensées, donc je laissais faire, pendue à ses lèvres. Je m’abreuvais de ses paroles, baisers et caresses comme on se saoule accroché à un comptoir. Le désir ardent dans les prunelles, j’avais du mal à garder contenance lorsqu’il me provoquait ouvertement. Surtout quand je faisais face aux autres, l’air de rien mais rougissante, troublée. Un murmure, un geste fébrile mais discret et l’incendie intérieur me dévorait.

Je me rendis compte, ce soir-là, que certains regards convergeaient vers moi. La pression était palpable. Ils m’aimaient.
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MessageSujet: Re: Les papillons.   Les papillons. EmptyVen 22 Déc - 18:00

Des menaces. Du temps, encore. Vivre, rêver. Cela tournoyait autour de moi comme un plumage de cendres à l’odeur fétide. Puis il y eut l’origine de la menace. Croiser les flammes et la glace, nous étions à point pour nous affronter. J’avais senti que quelque chose n’allait pas en cet homme, à peine prêtre à vrai dire. Protégée, je l’étais. Ce fut fort amusant, mais le combat était d’un tout autre genre. Cet homme avait en lui des secrets, et de façon décidée et méthodique, j’employai les grands moyens. A tort et à raison, je m’immisça en son esprit afin d’aller voir le désordre chaotique qui y régnait. La stupéfaction me gagnait, mais je continuais à contre-courant. Provocateur, incohérent, ses paroles parlaient pour lui, mais je voulais vérifier au-delà de toutes les barrières, et par moi-même ce qu’il avait dans le ventre.

Il était un cas d’étude pour d’autres raisons. Ce que je vis me décontenança légèrement. Du sang, beaucoup de sang et la folie à l’état pur. Ainsi il avait assassiné toute une famille, puis un enfant. Le sang était partout, mais j’aimais le rouge et fouiller encore plus loin. Rien ne semblait m’arrêter, aucune limite, aucune protection ne daignant me résister. Je lisais en lui à livre ouvert, saccageant sans vergogne, tandis que la souffrance semblait le gagner. Il ne le supporta pas, et tentant de garder le peu de dignité qui lui restait, il prit sa pierre de foyer et s’échappa. Coupant le lien trop violemment, cela m’épuisa et je tombai à terre, évanouie. Epuisée oui. M’accrocher à l’horizon et à la crique, aux choses belles et précieuses. A l’horizon…

Puis il y eut gatt, à qui j'expliquais comme je pouvais tandis qu'autour de moi, tout le monde semblait s'affoler...

Pourtant, dans le puit sans fond creusé depuis un moment, un rire sardonique et moqueur me parvint. Quelque chose de malsain en profitait pour s’insinuer en moi, quelque part, et qui m’attendait de pied ferme…
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MessageSujet: Re: Les papillons.   Les papillons. EmptyDim 24 Déc - 10:37

L’ange avait disparu. Il s’était échappé. L’arbre aux fruits d’or mourrait doucement sous les cils de l’astre de feu déclinant, tandis que l’empyrée se teintait de vermeil. Je devais le retrouver.

« Sauve la et je te sauverai… »

L’unique trésor que je chérissais, avec encore une raison, était loin. Je le maudissais intérieurement, alors que j’avais besoin de lui plus que jamais. Tant pis, advienne que pourra et si je mourrai, j'aurai fait de mon mieux...

Je n’étais pas seule. Je savais cependant que je le serais dès lors où je puiserai dans mes forces sur un champ de bataille différent. Nul besoin d’arme si ce n’est la pureté des émotions, et le cœur. Il voulait jouer. L’offense ne m’atteindrait pas, je lutterai. L’ange était devenu démon, et j’avais une promesse à tenir. On a parcourut la région, jusqu’au bois de la pénombre. Il laissait des indices, trop peut-être. Il se lassa lui-même du jeu de piste, entrant dans mon esprit en faisant éclater le peu de barrières mentales que j’avais mise. Exprès ?

Il me voulait entière et seule. J’ai cherché longtemps la solitude dans mes égarements abscons, et la cherchait encore alors que je l’empêchais de s’insinuer dans la moindre pulsation de mon être. La lumière… Ma main pressa celle qui en apportait, jusqu’au sang, mes ongles s’y accrochèrent. Crispée, agenouillée, dans les limbes de ma conscience, je ricanais, je provoquais. Sans vergogne, le démon désirait que je m’abaisse, que je pleure mais il n’a jamais compris une chose. L’on peut aussi tuer par amour ! L’ultime sacrifice même s’il fallait se briser soi-même. Il ne savait pas que j’avais déjà commis cela, dix ans en arrière. Il ne me connaissait guère, mais il allait apprendre.

Il blessait le corps qu’il possédait pour me toucher, m’anéantir. Les barrières, je les avais mise ailleurs. Il ne pouvait atteindre mon escarboucle, j’étais farouchement belliqueuse et rien ne me ferait détourner de cette promesse.

« Promet-moi… Promet le moi que si je change et deviens folle, tu me tueras… »

Je n’avais pas promis ce soir là. Bien plus tard. Il était temps. Edonir n’était forcément pas loin, et ayant avec moi la lumière et des compagnons pour la traversée du pandémonium, nous pouvions le chercher. Je sentais son aura malsaine dans les moindres recoins, et tandis que je continuais à palabrer avec toute l’ironie et la moquerie dont je faisais preuve, et qu’il détruisait le corps de son hôte, il ne pouvait fuir. La battue et le compte à rebours avaient commencé. Il ne savait cependant pas qu’un rôdeur est habitué à pister les traces fraîches qu’une enveloppe physique délaissait derrière elle, et que l’un d’eux nous accompagnait.

« Que veux-tu toi ? »

« Vous deux. Nilawia et toi Edonir. Tous les deux en deux corps distincts. C’est impossible ? Ainsi tu n’es qu’un démon mineur sans grande envergure, qui se targue de beaucoup de chose, et menace... Bref, rien de nouveau. Tu penses pouvoir uniquement te nourrir de la faiblesse des autres, semer le chaos et pire encore, seulement tu es emprisonné. En fait, tu es bien faible et qu’un piètre histrion. Tu m’amuses beaucoup, tu sais ? Si j’en avais été un, mon chou, j’aurai commencé par m’intéresser à autre chose qu’une guerrière. Regarde autour de toi, il y a des archimages et mieux encore d’où tu aurais pu soutirer une puissance plus grande. Franchement, je suis déçue. Tu ne vaux décidément pas grand-chose, j’ai même pitié de ton cas… »


On le retrouva, le blessa et pire encore. Ils voulaient faire une opération à cœur ouvert pour ôter le bijou qui enserrait le cœur de Nilawia. Il s’était retiré de mon esprit en laissant une souillure malsaine que je ne pus purifier. Finalement, il ne me laissa qu’un choix tandis que je lui proposais une option supplémentaire.

« Viens en moi et laisse la en vie ! »

Il avait hésité mais se ravisa. De toute façon, il avait perdu. Si son hôte mourrait, il ne pouvait plus rien faire. Ce qui arriverait vu ce que Gehenne, lance et Sahos avait commencé. Je leur ordonnai de stopper cette chirurgie ridicule. En proie au doute, je ne montrai rien. C’était elle qui souffrait. Mon ange, pas lui. Il proposa qu’on le laisse vaquer, ou bien qu’il s’en aille mais tout était prédit. Il y avait peu de solutions valables, elle périrait. Aussi, valait mieux que ce soit de ma main. Cette fois-ci, j’entra dans son esprit. Je voulais entrer en contact avec elle. Il s’y refusa. Plus j’avançai, plus il reculait délaissant une dépouille inerte au sol. Le bijou s’extirpa de lui-même de sa poitrine alors que la vie la quittait.

« Je l’ai tué… »

Contre toute attente, une seconde souillure était apparue. J’étais sous le choc. Edonir n’était plus de ce monde, mais elle non plus. Pourtant, par la lumière, des prières que les deux paladins présents firent, son âme avant d’être engloutie ailleurs, revint. Un désir de vivre ?

« Je l’ai tué… »

Son corps redevint normal, mais moi, je savais ce que j’avais fait. L’irréparable, encore une fois. Pas de néant distordu, pas de fragment d’âme pour la faire revenir. Comment ont-ils pu ? Tout était finit, et tandis qu’elle murmurait qu’elle était désolée, je sombrais loin, très loin…

« Je l’ai tué … »
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MessageSujet: Re: Les papillons.   Les papillons. EmptyDim 31 Déc - 16:06

Lorsque les paupières s’alourdissent, au point de se clore sur l’obscurité, il est des mondes en clair obscur à visiter. Des pyramides qui s’effritent, et des murs qui s’écroulent. La vie alcoolisée d’humeurs badines et furieuses. Des cyclones qui ébranlent la moindre parcelle d’âme. Des glycines qui se fanent sur des étangs lunaires à l’oraison de prédictions somnambules. Il y a comme des voix qui dictent l’ivresse, puis le glas mortuaire.

« Je l’ai tué… »

Les prunelles se rouvrent aux lueurs fugaces et miroitantes. Baignées par des visions sanguinolentes sur des duvets de pétales occises. Des linceuls qui recouvrent des corps châtiés, malmenés et lapidés par la destinée. Et la folie alors ?

« Je l’ai tué… »

Morte et vivante à la fois. Un ectoplasme qui s’exprime, revenu de loin. D’un univers grisonnant. Absurde et impossible ! Insuffler l’espoir et la vie, par le pouvoir des émotions lunatiques. Puis la détruire encore, tandis que les fioles se vident et que les mouchoirs immaculés prennent des teintes carminées. La lame au fourreau survit, puis pénètre les entrailles cramoisies. L’abattre, l’abîmer. Enserrer son corps frêle jusqu’à ce qu’il se vide de la moindre essence, et partir sous les regards épouvantés. Disloquer la corde des liaisons dangereuses, puis oublier tandis que la terre se nourrit de l’agonisante putréfaction. Oublier. Abandonner. Déserter et désapprendre. Noyer le péché. Le geste immuable qui transgresse de l’amour à la haine. L’hypocondrie du mal être. Enterrer. S’enterrer dans la réminiscence. Devenir l’ouroboros par l’enchantement ancestral loin des voies de la perdition. Un peu de chair, un soupçon d’évasion, une course effrénée contre les aiguilles acerbes du temps, et se fermer peu à peu. Faire jaillir l’éclat de l’innocence. Amnésique, flux magique. Exister de nouveau en un soupir fascinateur. De la chrysalide naîtra le papillon.
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