Comment la main d'Argent devient feuille d'Erable.

Comment la main d’Argent devient feuille d’Erable.

Il y a sept ans, dans le nord de Lordaeron…

Des bruits de combat résonnent par-delà le fleuve, six hommes sont agenouillés devant une légende…
-Relevez-vous mes frères, il est temps de mener notre dernier combat.
Celui qui vient de parler est Uther, le porteur de Lumière, premier paladin de Lordaeron et serviteur de l’alliance.
-Que ceux qui le souhaitent s’en aillent, sauvez vos familles, il est encore temps.
Pas un seul des six paladins ne bougent, ils ont tous, le visage fermé, un regard las, mais nulle crainte ne se lit sur leurs traits, ils attendent, tous.
Uther ramasse un objet qu’il sert contre lui.
Un ultime râle perce le silence, puis plus rien.
-La Lumière soit avec vous mes amis.
-Justice fait loi !
-La foi pour combattre l’obscurité !
Chacun des paladins murmure alors une prière avant de s’emparer de sa masse, tandis qu’avance sur le pont devant eux, nimbé d’un halo crépusculaire, Le Fléau.

Tout cela, c’est ce que voit Gaudefroy du haut du promontoire où son destrier s’est arrêté, il voit ses six compagnons et ses meilleurs amis se tenir droits devant la Mort, il voit son père spirituel, pour qui il avait toujours cru pouvoir donner sa vie, échanger quelques courtes phrases avec celui dont il se rappelle comme d’un jeune homme timide à la cour du Roi mais qui est devenu aujourd’hui Le Fléau.
Et il le voit, il le fixe jusqu’à ce que ses yeux pleurent, il voit Le Fléau, sur sa monture squelettique, suivit d’une cinquantaine de ce qui furent de braves citoyens mais aujourd’hui, des goules mortes-vivantes crachotantes et suintantes.
Les larmes aux yeux, il fait faire demi-tour à sa monture.
-Pardonnez-moi…


Trois jours plus tard, sur la route du roi, non loin d’Hillsbrad…

Gaudefroy, monté sur son destrier, galope à toute vitesse à travers les champs en friche, ses yeux rougis par la fatigue, les larmes et le manque de sommeil, fixent un point invisible à l’horizon.
Soudain, son cheval s’arrête au bas d’une colline, Gaudefroy chute et atterrit lourdement sur l’herbe mouillée, il se hisse pesamment en haut de la butte et reste interdit.
Le village de Moulin-de-Tarenn est enveloppé d’un nuage verdâtre, des corps sans vie gisent ça et là tandis que le bourdonnement des mouches se fait assourdissant.
-Non…
Il dévale la colline lourdement, tombant plusieurs fois, arrivé aux limites du village, il arrache un morceau de son tabard et le place sur sa bouche pour se protéger des miasmes putrides.
Le paladin avance lentement à travers le village désert, s’arrêtant parfois pour retourner un corps ou fouiller une maison.
Il traverse ainsi tout le bourg et arrive sur le place du village, là, des hommes et des femmes s’emploient à tirer les cadavres vers une pile monstrueuse de corps sans vie.
Soudain Gaudefroy se fige, cette chevelure blonde, ses mains fines et gracieuses…c’est sa fille !
Il se jette sur le cadavre désarticulé de son enfant en hurlant, il tombe à genoux et serre sa fille contre-lui, tentant maladroitement d’écarter les cheveux de son visage déjà gris du sommeil sans fin de la mort.
-Je..nooon ! Pardonne-moi, je…je…répond-moi ! C’est impossible...ma Cécilia. Lève-toi, je t’aime ma fille !
Les villageois survivants se regroupent silencieusement autour de l’homme affalé, hurlant que sa fille est vivante, qu’il l’aime, que tout est de sa faute…
Reinald, le bûcheron, s’approche alors du paladin, portant la main à son épaule il ouvre la bouche, mais croisant le regard noir de Gaudefroy, il ne peut que balbutier :
-P..Pardonnez-moi seigneur…mais il faut brûler les c…corps avant la tombée de la nuit…sinon…
-C’est ma faute…ma fille…ma pauvre petite fille…C’est ma fille et personne ne la brûlera ! Personne ne me l’enlèvera ! Cécilia…ma pauvre chérie…papa est là…tout va bien se passer.
Reinald jette un regard hésitant vers les autres paysans, un autre homme sort du groupe.
-Allons seigneur, ce n’est pas votre faute ! Nous devons nous occuper de brûler les corps, après le crépuscule, les morts se relèvent et…
-NON ! Personne ne me reprendra mon enfant ! PERSONNE !
Gaudefroy se relève, le visage mouillé de larmes, une étincelle de folie meurtrière dans le regard.
-Sei..seigneur…il le faut !
-NOOON !
D’un geste, Gaudefroy empoigne sa masse et l’abat sur l’homme sans défense qui n’a pas même le temps de comprendre ce qui lui arrive, les yeux de Reinald s’écarquillent quand la masse vient à son tour trouver sa place dans son ventre, brisant ses côtes et écrasant ses organes vitaux.
Haletant, le paladin se tourne vers le reste des villageois qui le regardent, les yeux remplis d’effroi.

Clairières de Tirisfall, trois semaines plus tard,

Des lueurs de torches percent la pénombre du sous-bois, illuminant un groupe d’hommes en livrées rouges, armés et avançant prudemment en colonne sous la voûte des arbres tordus.
Une longue cicatrice barre la joue de l’homme qui marche en tête, une torche brandie de la main gauche et une épée à la droite, il marche en faisant crisser les feuilles mortes sous ses pas.
-Capitaine, la nuit est tombée, nous ferions mieux de rentrer immédiatement à la tour avant de se retrouver nez à nez avec des…
-Silence ! Tu n’entend donc rien ? Ca se bat par là-bas…
D’un geste, le capitaine fait accélérer le pas à sa petite troupe, les bruits d’un combat se faisant en effet de plus en plus audibles.
Soudain, ils s’arrêtent.
Dans la clairière devant eux, un homme en armure se bat difficilement contre cinq goules, une autre gît déjà à terre, le crâne défoncé et le thorax en morceaux.
-En rang par deux, soutenez vos camarades et en avant !
Les guerriers en armures rouges chargent et culbutent les morts-vivants qui ne se retournent même pas en les entendant approcher, l’une d’elle frappe l’homme en armure avant de le mordre au cou, celui-ci défaille et s’abat comme une masse sur le tapis de terre noire.
Le combat est rapide, les soldats aguerris au combat viennent facilement à bout des ignobles créatures.
La bataille terminée, le capitaine s’avance vers l’homme abattu sur le sol et le retourne brusquement.
-Il vit. Gil ! Roderic ! Portez-le, nous rentrons à l’avant-poste.
-A vos ordres capitaine.


Monastère écarlate, Clairières de Tirisfall, six jours ont passés,

L’abbé MacDardenne marche lentement dans les couloirs du vieux monastère, depuis que le monastère est devenu une des place forte de cette…croisade…le vieil homme d’église n’a plus un moment de répit.
Il s’arrête devant l’infirmerie, un homme est assis sur un banc de pierre blanche, le regard dans le vide.
Le vieillard s’assoit à côté de lui, grimaçant alors que sa sciatique se rappelle à son bon plaisir.
-Bonjour mon fils.
-Bonjour mon père.
-Belle journée n’est-ce pas ?
-Le ciel à prit une teinte verdâtre.
-Hmm…en effet…enfin, tous ces malheurs ne devraient pas nous empécher la plus élémentaire courtoisie, la présentation ! Je suis MacDardenne, abbé de cette paroisse.
MacDardenne tend une main rugueuse vers l’homme.
-Gaudefroy…
Le regard de Gaudefroy s’arrête sur les murs du couloir.
-Gaudefroy de Rougemur.
-Enchanté !
Et tendit que l’abbé MacDardenne se lance dans une grande diatribe sur la politesse, le regard de Gaudefroy s’accroche à un étendard flottant à l’une des tours du monastère, une feuille d’érable écarlate sur fond blanc.

Un an et demi plus tard, terres du nord, Main de Tyr.

Dans la chapelle vide, Gaudefroy est agenouillé devant un autel.
Les cheveux blanchis prématurément et une nouvelle cicatrice barre son front d’une ligne blanche.
-Pardonnez-moi, je vous en supplie…Par la Lumière, je ne savais pas ce que je faisais, pitié…Âmes immortelles, parlez-moi, dites-moi que vous me pardonnez, je…
-Pardonnez l’impardonnable, Gaudefroy ?
Gaudefroy se retourne brusquement alors qu’une femme d’une grande beauté sort de l’ombre d’une colonne de marbre.
-Ma dame…vous m’espionniez ?
-Ah ! Silence chevalier ! Quel est donc ce pardon que vous implorez ainsi… ?
-Le salut de mon âme, mon honneur est tâché d’un acte irréparable.
-Vraiment ?
La femme émet un petit rire glacial.
-Il n’y a rien de risible à cela, ma vie n’est qu’une ombre qui ne parvient pas à s’éteindre.
-Ne dites pas de sottises, votre vie est dévouée à la reconquête de nos terres, vous avez prêté serment, Gaudefroy, ne l’oubliez surtout pas.
Le paladin baisse la tête, les dents serrées.
-Vous fûtes un compagnon d’Uther, chevalier, servez le nouveau Uther, le Grand Croisé à besoin de chacun de nous pour délivrer Lordaeron.
-Uther est mort, j’aurais dû mourir avec lui plutôt que de…
-Ne blasphémez pas ! Vous servirez la croisade, elle seule vous apportera la rédemption.
-Je servirais la croisade jusqu’à ce que la mort me délivre, ma Dame.
-Heureuse de l’entendre, maintenant veuillez-sortir.
-Bien ma Dame.
Il quitte la chapelle silencieusement, deux larmes coulent doucement de ses yeux.
La femme sourit, puis se retourne vers l’autel et commence ses ablutions.


Six mois ont passés, le soleil se lève dans les « Maleterres »,

Gaudefroy descend lourdement de cheval, les gouttes d’eau d’une pluie acide résonnent sur son armure, son tabard de la main d’Argent à été depuis longtemps remplacé par celui de la Croisade écarlate, du haut de la falaise où il est, il peut voir l’étendue de la dévastation de ces terres.
Deux autres cavaliers mettent pied à terre, derrière-lui.
Un d’eux en profite pour ôter son casque, libérant un tourbillon de cheveux bruns.
-Vous-les voyez chevalier Gaudefroy ?
Le paladin se retourne vers la jeune femme.
-Non, mais ils doivent forcément passer par cette route, il n’y a qu’à attendre.
Quelques minutes plus tard, le second cavalier se lève brusquement.
-Chevalier ! Les-voilà.
-Parfait. La Lumière vous garde, Nataly occupe-toi de l’arrière-garde, Ivan et moi nous allons tenter de briser leur formation. Préparez-vous.
Et tandis que les trois guerriers saisissent leurs armes, une petite troupe de morts-vivants, conduis par une banshee fantomatique, titube tant-bien que mal sur la route défoncée.
-Ces huit jours de traque vont prendre fin, massacrez ces abominations ! Pour la Lumière !
Ils dévalent la falaise rocailleuse en hurlant alors que les deux fois nés lèvent lentement la tête en direction du bruit.
Gaudefroy atterrit lourdement devant la banshee, ses mains brillent d’un halo lumineux alors qu’il prononce les quelques mots qui font disparaître la créature dans les flammes purificatrices, un cri démentiel résonne dans le crâne du paladin alors que les restes terrestres du fantôme retombent à terre.
Un soldat squelettique portant l’armure des réguliers de Lordaeron se jette sur lui et lui assène un terrible coup de hache sur l’épaule, le paladin recule sous le choc, heureusement protégé par sa solide armure, à son tour, il lève sa masse haut au dessus de sa tête, un sceau rougeâtre l’entoure quand il abat son arme sur le mort qui se disloque en plusieurs morceaux.
-Ivan !
-Ici chevalier !
L’écarlate se retourne brusquement, Ivan est en mauvaise posture, encerclé par trois squelettes gigantesques, le paladin maudit les créatures, avant de lancer son marteau d’arme sur le squelette le plus proche, le crâne du mort-vivant éclate sous le choc, Gaudefroy tire son épée et la plonge entre les côtes d’une goule putréfiée, celle-ci le regarde de ses yeux vitreux un court-moment, le paladin ressort sa lame et l’abat cette fois-ci sur la tête du mort-vivant, fendant son visage grotesque en deux.

hrp: clap clap clap encore encore

edit: lol, je finis a peine de lire le premier, je met mon commentaire et a ce moment l'autre arrive, c'est pas beau ça lol

Deux heures plus tard,

-Finissez de brûler les corps, nous avons ce que nous sommes venus chercher.
Nataly et Ivan jettent un être difforme, qui n’a plus d’humain que ses vêtements en charpie, sur le tas déjà impressionnant de corps désarticulés.Gaudefroy se penche sur les restes d’un mort-vivant.
-Tous ces…nous les aurons, un par un, ils paieront tous pour ce qu’ils m’ont fait…Cécilia…Mais ils y en a tellement, tellement…qu’importe, même si la traque est sans fin, nul n’échappera à ma vengeance…
-Nous avons terminé, chevalier.
Nataly acquiesce.
-Nous allons enfin pouvoir rentrer…Ah…quel bonheur après huit jours…
-NON ! Nous ne rentrons pas. Il y en a encore, partout, ils sont partout…Ils en restent encore, nous devons continuer la traque.
-Mais, chevalier, nous avons ce qu’on nous à demandé de venir récupérer.
Le paladin se relève, serrant son livre sacré.
-Vous m’avez entendu, nous ne partirons pas tant que tous ces traîtres n’auront pas payé au centuple le mal qu’ils ont infligé.
Les deux jeunes écarlates se regardent d’un air inquiet.
Gaudefroy reste debout, fixant le tas de cadavres, marmonnant dans sa barbe.
-Ma rédemption ne peut passer que par le juste châtiment des impurs…
Le vieux chevalier se retourne et se dirige vers les chevaux, continuant à se parler à lui-même.


Trois mois plus tard, cathédrale de Stratholme, quartier général de la croisade,

Sous le grand dôme doré de la cathédrale, dans la salle de prières, une table à été érigée, une douzaine de personnalités connues de la Croisade Ecarlate y sont assises.
-Les rapports de nos espions nous indiquent que le Fléau traverse une grave crise, il semble que la Sin’Doreï déchue, Sylvanas, est prit le commandement d’une petite partie des forces mortes-vivantes regroupées à Lordearon est dans les clairières de Tirisfall…Nos espions nous assurent aussi avoir vu différents groupes de deux fois nés se battant entre-eux… ?
Un murmure inaudible parcourt la table.
-Et les serviteurs vampiriques du Fléau ? Et Arthas ?
-Il semble qu’Arthas à quitté Lordaeron il y a quelques semaines…quand aux nathrezims, ils combattent Sylvanas à Tirisfall. Reste à savoir si ils sont toujours soumis à Arthas lui-même…
Un homme au physique brutal se lève alors.
-Je n’vois pas c’que ça change, les deux-fois nés sont une nuisance et tous, sans exception, doivent êt’ considérés comme l’ennemi numéro un d’la Croisade.
-Je suis d’accord avec le commandant Mograine.
-Il faut en profiter, frappons le Fléau maintenant ! Concentrons nos forces sur Tirisfall et le lac de Lordamere, le Maréchal Garithos vient de reprendre les ruines de Dalaran, si nos forces se rejoignent, nous pourrons alors marcher du sud contre la capitale elle-même et reprendre nos terres, c’est le moment où jamais, écarlates.
Des approbations se font entendre autour de la table, quelques applaudissement résonnent dans la grande salle.
-Ecoutez-moi, il nous est impossible de réaliser ce plan pour le moment, vous oubliez tous que nombres de nos soldats et chevaliers sont partis dans leurs propres croisades personnelles, évaporés dans la nature…avant de lancer un assaut de grande envergure, il nous faut déjà nous regrouper.
Des soupirs de dépit brise le silence.
-Très bien, nous enverrons donc rechercher ces…retardataires…Ecarlates, cette réunion est terminée, merci à tous, vous pouvez disposez.
La salle de marbre rouge se vide progressivement, un seul homme reste seul à la table de bois dur, penché sur une carte des terres du Nord.