Quête pour un devenir. A la recherche de l'épée d'Edonir.

Stormwind, par une soirée comme les autres. Un messager à l'air maussade passe au galop sur la place devant la cathédrale, ne se souciant guère des malheureux qu'il manque d'écraser. Il tient dans sa main libre, un rouleau mal ficelé de feuilles tachées. Reconnaissant le destinataire de son curieux colis, sortant de l'imposant édifice, il jette l'objet en plein visage d'Erthran avant de disparaître au coin de la rue, maugréant. Le choc finit de détacher la mince ficelle usée par les intempéries, et libère son contenu sur lequel on peut lire la chose suivante.

Moi, Hungar Mortebranche, érudit de Mulgore, atteste sur mon honneur de la véracité de ce qui suivra. Voici donc le récit de la demoiselle Nilawia Stonefield, dont l'air dépité et d'incessantes requêtes ont fini par me convaincre de l'aider à rédiger ses péripéties *les dernières lignes ne sont plus très droites, comme si le Tauren avait rit*.

C'est à l'âge de huit ans que Nilawia fut envoyée en apprentissage chez les Nains, les finances familiales ne permettant plus de nourrir correctement cette famille nombreuse. Ses premières années loin de chez elle furent pénibles, tant parce qu'elle se sentait dépaysée et étrangère, mais aussi parce que ses bras menus ne lui permettaient que d'accomplir les pires corvées.

Cependant, à l'aube de ses douze ans, devenue une solide jeune fille, ses mentors commencèrent à lui enseigner le dur métier de la forge. les quelques éclats de métal bleu à jamais ancrés dans sa chair attestent plus que tout autre chose de l'assiduité et du plaisir que prit Nilawia à la découverte de ce que je qualifierais d'art. L'accent Nain qu'elle avait trouvé si amusant durant son enfance était devenu le sien, elle maudissait chaque centimètre qu'elle prenait et qui l'éloignait des Nains qu'elle aimait tant, refoulant même sa condition féminine au moyen d'un bandage serré autour de la poitrine et d'une coupe de cheveux digne d'un moine.

Et c'est ainsi que, à son seizième printemps, elle revint dans la ferme familiale, le visage couvert de suie, les bras habitués au maniement de l'épée et du marteau, les mains calleuses, les bagages pleins d'armes et la tête de dictons Nains. Un peu affolés, ses parents se hâtèrent de la réintégrer à la vie agricole, espérant lui trouver rapidement un bon mari qui saurait l'assagir, mais la jeune femme en devenir, à qui les Nains avaient plus enseigné l'amour de la bière et du métal que celui des hommes, ne l'entendait pas de cette façon.
Aussi ne serez-vous peut-être pas surpris d'apprendre que sitôt les travaux de la ferme achevés, Nilawia s'empressait de se rendre dans la forêt, vêtue de l'armure qu'elle s'était confectionnée, et s'y entraînait ardemment.

Trois longues années passèrent ainsi. Les cheveux de la jeune fille avaient suffisamment repoussé pour qu'elle puisse les attacher, non sans fierté, à la façon des guerriers qu'elle croisait. Sa mère, après de longs mois d'efforts, l'avait convaincue de ne pas cacher ses formes et réussit non sans mal à lui inculquer les règles de savoir-vivre qui semblaient cruellement manquer aux Nains.

Mais Nilawia n'en restait pas moins une paysanne avec un fort accent Nain, ignorante de notre monde, de ses coutumes et dangers. Il y avait cependant une chose qu'elle savait, un rêve auquel elle croyait et auquel elle croit toujours. Ce rêve était celui d'un soldat, un vieux soldat, l'un de ceux qui assistèrent à la chute de Lordaeron. Je ne saurais vous dire son nom, car elle n'arrive pas à le prononcer, mais ce vieillard, qui avait pris l'habitude de venir se saouler en compagnie du père Stonefield, racontait souvent avec une passion que l'on retrouve dans les yeux de la guerrière, l'histoire d'une arme légendaire. Elle était le pendant de Frostmourne, l'épée maudite. Façonnée par les Dieux pour les Hommes, afin qu'ils puissent combattre les forces de la Légion Ardente, et possèdent un pouvoir similaire à ceux de l'arme qui causa tant de dégâts il y à quelques années de cela.

Son nom s'était perdu au fil du temps, et l'épée devint légendaire, voir oubliée. Mais lors de la grande guerre que nous gagnâmes au prix de nombreux sacrifices, il était un groupe qui avait trouvé trace de cette légende dans d'anciens écrits. Le vieil homme racontait avec fougue comment lui et ses hommes avaient été envoyés loin du front à la recherche d'indices. il décrivait les lointains paysages qu'ils avaient traversé d'une manière qui faisait rêver la jeune Nilawia en soif d'aventures.

Ne supportant plus les travaux des champs, désireuse d'apporter la paix dans le monde et de le parcourir, la farouche et naïve *le mot est difficile à lire et la page semble usée à cet endroit, comme si on avait voulu l'effacer* combattante eut tôt fait de plier bagages lorsqu'elle entendit la rumeur selon laquelle l'armée de Stormwind recherchait de nouveaux combattants.

La suite, vous la connaissez probablement. Elle fit ses preuves à l'abbaye de Northshire avant d'être assignée au village de Goldshire. La compassion dont elle fit preuve, et son absence de préjugés lui valurent de nombreux ennuis, mais lui attirèrent aussi la sympathie d'autres aventuriers qui l'aidèrent à progresser. Elle fit alors la connaissance d'un homme charmant et gentil (selon ses dires) à la recherche de personnes souhaitant combattre le Fléau. La cause lui semblait juste, Lordaeron et ses bibliothèques seraient peut-être le premier indice vers l'épée tant désirée, et son désir d'aider l'Alliance lui suffirent à se porter candidate.

Quelques jours après, à la suite d'un entretien dont elle ne semble pas garder un bon souvenir, elle fut admise chez les Rédempteurs de Lordaeron, auprès desquels elle semble devoir encore faire ses preuves.

Preuves que je suis apparemment censé relater, mais le corps couvert de bleus et de plaies de cette jeune femme n'atteste-t-il pas mieux que moi de sa vaillance sur les champs de bataille?
Mais elle insiste pour que je vous fasse état de l'avancée de ses recherches sur l'épée. L'arme qu'elle porte à la taille en ce jour, fut trouvée sur la dépouille d'un certain Vanne Klif, dont elle avait ouï dire qu'il possédait une épée puissante. Déçue de constater que ce n'était pas l'objet de ses recherches, mais néanmoins décidée à les poursuivre, ses pas la conduisirent vers le Nord, vers le Fléau quelle doit combattre, et vers les indices qu'elle espère y trouver. Sur la route, alors qu'elle traversait les marécages des Paluns, elle fit la connaissance d'une créature "grrrrande, verrrte, vrrraiment pas belle, mais trrrès gentille, et drrrolement intelligente" qui se faisait appeler le gouverneur vert. Le gouverneur, dont l'existence semblait ne jamais devoir prendre fin, lui apprit le nom de l'arme qu'elle cherchait, l'Epée d'Edonir, et l'encouragea à poursuivre sa route vers le Nord, tout en lui conseillant (sans succès apparemment, l'entêtement Nain n'étant pas une chose qu'on oublie facilement) d'abandonner cette quête qui lui coûterait la vie.

Elle atteint le port de Menethil, voyant pour la première fois des navires plus grands qu'une barque. C'est un de ces navires qui la conduisit loin en Théramore, et ce bien malgré elle. Un petit plaisantin lui avait apparemment assuré que le navire sur lequel elle était montée ne pouvait pas naviguer et qu'il faisait office d'auberge. C'est là que nous nous trouvons actuellement, là que je l'ai trouvée en train de pester contre l'océan et les marins. Elle me regardait sans l'animosité habituelle que je pouvais lire dans le regard des autres humains, à qui je rendais pourtant visite depuis des mois pour mes études, et nous ne tardâmes pas à nous lier d'amitié tandis qu'elle me racontait à un débit impressionnant ses mésaventures.

*Un court paragraphe suit, nettement moins bien écrit et couvert de ratures, et vous parvenez après quelques efforts, à déchiffrer l'écriture*

Voila comme promis je vous dis ou j'en suis et ce que j'ai fait! J'espère que ça suffira pour vous convaincre! Y'a un soldat qui m'a aussi dit que j'allais bientôt être prise dans l'armée de l'alliance parce que j'avais bien combattu sur les champs de bataille et je continue de chercher mon épée! Pis je rentre vite sur le bon continent, désolée!

Amitiés, Nilawia

Très intéressant, votre quête avance Nilawia. A présent, vous connaissez le nom de l'épée. On peut donc tenter de la rechercher dans les grimoires auxquels nous avons accès. Ah, si seulement nous pouvions mettre la mais sur le "Codex légendaire"... Ce grimoire devrait faire mention de l'épée d'Edonir. Hélas, il est encore aux mains de la Croisade Ecarlate, loin dans leur monastère des Clairières de Tirisfal. Il serait peut-être bon de monter une expédition à sa recherche.

*semble pensive*
Une expedition? Si c'est la Croisade Ecarlate, on peut pas leur demander de nous le preter?

C'est un peu compliqué... Vous ne le savez peut-être pas mais les croisés du Monastère de Tirisfal sont devenus des fanatiques. Ils n'ont qu'un seul but éliminer toute trace du fléau, comme nous, mais dans leur fougue, ils ont commis de nombreux crimes et à présent, plus personne ne peut approcher de leur monastère sans encourir leur courroux. Nous allons donc réfléchir à la manière de procéder.

Il était tard, très tard, lorsqu'une silhouette apparut sur le pont de la vallée des Héros. A moitié avachie, la tête balante, traînant dans son sillage une chose informe, la créature qui s'avançait avait tout l'air d'un Réprouvé aux yeux des deux sentinelles qui gardaient l'entrée de la grande cité de Stormwind.

Les deux hommes étaient fatigués, et la présence d'une créature si loin dans les terres humaines les rendit nerveux. Soit ce n'était qu'un non-mort égaré, soit c'était une créature suffisament puissante pourvenir içi seule, et cette seconde éventualité ne put empêcher le fer de leurs lances de trembler légèrement alors qu'ils les pointaient vers l'inconnu(e).


- Halte! Qui va là?! --s'écria le plus jeune des deux soldats, d'une voix aigüe qui trahissait son jeune âge.

Nilawia releva alors la tête, posant un regard exaspéré et las sur l'homme qui l'interpelait. Bien que couverte de blessures légères et dans un piteux état, il apparut alors clairement aux gardes que la jeune femme qui s'approchait n'avait rien d'une réprouvée.

Les lances s'élevèrent pour céder le passage à cette étrange voyageuse, qui passa sans un mot, traînant derrière elle un sac en cuir lourd, que son contenu hérissait d'étranges pointes.

La jeune Rédemptrice continua ainsi son chemin jusqu'à la tour du quartier des mages, gravît péniblement la pente qui menait à son sommet, et passa le portail pour s'isoler dans le calme et la douce chaleur qui régnaient toujours dans ce long et intemporel couloir que les mages de toute l'Alliance ont arpenté en quête de savoir.

Au beau milieu du couloir, entouré par quelques maîtres des Arcanes exaspérés, un tas d'ouvrages trônait, signature narquoise du plus extravagant des mages au milieu de l'ordre et de la propreté quasi-militaire des lieux.

Ignorant les regars courroucés, effarés et parfois hautains des personnes présentes, Nilawia s'avança vers l'avenir de ses prochains jours, et vida son sac sans ménnagement, ajoutant quelques dizaines de livres de plus au désordre, suscitant quelques réactions offusquées et pour le moins comiques.

- Eh bien? Qu'est-ce que ceci? Je savais les guerriers rustres, mais maltraiter ainsi les garants du savoir, et ce sans la moindre explication, cela tient de l'exploit, ou de la folie!

L'homme (si tant est que l'on pouvait la qualifier de la sorte) qui venait de parler se tenait dans le dos de la jeune fille, les mains sur les hanches, ses sourcils roses froncés.
Faisant lentement volte-face, Nilawia, après un bref passage à vide, baissa la tête pour enfin voir son interlocuteur.
*Un gnome qui me prend de haut, j'aurais tout vu ce soir...*

Le gnome en question était vêtu d'une cape qui aurait probablement été trop longue pour un elfe, et portait des vêtements aux couleurs criardes et aux motifs extravagants. Des bagues en or massif serties de joyaux, qui auraient sûrement put permettre à tous les pauvres de la ville de vivre pendant des mois, entouraient chacun de ses doigts, tandis que de son cou pendait une bonne dizaine de colliers. Sa longue chevelure était tressée d'une manière complexe au moyen de fils d'or et d'argent, et sa moustache surprenait tant par sa longeur que par l'entêtante odeur de parfum qui en émanait.

Dans un profond soupir, Nilawia se demanda si tous les mages avaient un grain.

- J'm'appelle Nilawia Ston...

- Je veux savoir ce que vous faites là! Pas qui vous êtes! --s'écria le petit être d'une voix grinçante qui vrilla les tympans de la jeune fille.

- Je viens pourrr lire ces bouquins. C'est m'sieur Carrrtorrril qui les à envoyé içi à cause qu'on avait pas l'temps de les prrrendrrre avec nous.

A l'entente du nom de Cartoril, certains visages se tournèrent, amusés, tandis que d'autres personnes se désintéressèrent de la conversation en levant les yeux au ciel.

- Voila qui ne m'étonne guère de sa part! Mais si vous souhaitez rester içi, il va falloir me fournir quelques explications, et apprendre à respecter les livres, et à être silencieuse!

La guerrière n'était pas certaine de pouvoir apprendre quoi que ce soit du silence de la part d'un être qui ne pouvait apparement pas parler sans crier, mais elle ne souhaitait pas retarder d'avantage sa lecture, et si un court réçit pouvait satisfaire le petit excité et lui apporter le calme qu'un mal de tête naissant lui recommendait, il en serait ainsi.

Suivant de près le mage qui trottait devant elle, tâchant de ne pas marcher sur sa cape, Nilawia et le gnome curieux allèrent s'asseoir dans un coin de la pièce, autour d'une table sur laquelle une grosse gemme flottait.
La jeune fille n'eût guère le temps d'essayer de comprendre l'utilité d'une telle chose que "la voix qui tue" résonna de nouveau dans toute la salle.

- Alors! Expliquez-moi un peu! D'où viennent donc tous ces ouvrages? Qu'espérez-vous y trouver? Qui êtes-vous? Et qu'est-ce qui vous à mis dans cet état?

Fermant les yeux, Nilawia se détendit quelques instants, savourant d'être enfin assise, puis rouvrit les paupières, fixant la grosse gemme qui s'élevait et descendait lentement.

- Donc je m'appelle Nilawia Stonefield comme je disais. J'suis une Rrrrédemptrrrice de Lorrrdaerrron et je cherrrche l'épée d'Edonirrr...

Nilawia marqua un temps d'arrêt, dans le fol espoir de lire autre chose que de l'incompréhension dans les yeux du gnome. Mais lui aussi, ne semblait rien savoir de cette épée. Aussi la guerrière commença-t-elle son récit dès le début: comment elle avait entendu parler de l'épée, sa rencontre avec les Rédempteurs, les indices qu'elle avait trouvé et son voyage vers le nord...

- ... et aprrrès avoirrr causé au Gouverrrneurrr Verrrt, j'suis allée chez les elfes, loin loin à Auberrrdine. Parrrce que j'avais comprrris que c'était une trrrès vieille légende vous voyez, et que j'avais plus de chances d'avoirrr des inforrrmations si je parrrlais à des gens trrrès vieux, et les elfes ça vit vieux! Donc j'ai commencé à trrravailler pourrr eux, histoirrre qu'ils aient un peu confiance en moi, parrrce que c'est quand même une épée puissante, alorrrs je m'doutais qu'ils allaient pas en parrrler à n'imporrrte qui.

Et pendant un de ces trrravaux, j'ai dû aller voirrr un vieux nain qui faisait des fouilles, et il m'a donné un fossile, en me demandant de l'apporrrter à Menethil. Et là-bas ben... y'a mon destinatairrre qui a fait un trrruc bizarrrrrre avec ce fossile, et il s'est mis à brrriller! Et d'un coup dans notrrre dos, on a entendu une voix grrrave! ...

Le petit mage, que le récit semblait passionner, avait rapidement prit de quoi noter et le bout de sa plume s'agitait nerveusement tandis qu'il écrivait ces lignes:

Citation :

Il apparaît que le sujet à rencontré un puissant et ancien esprit. Probablement un gardien des Dieux, ou un Dieu lui-même qui sait?
Il est regrettable que la dénommée Niyawilia n'ai pas plus de mémoire qu'un moineau, mais des recherches sur le nain ayant libéré le pouvoir du fossile devraient nous en apprendre plus sur ce qu'à dit cette apparition. La jeune femme se souvient cependant que la créature l’a regardé un instant.

Elle me dit s'être figée sur le coup, ayant la sensation d'être complètement mise à nu par le regard de l'esprit. Nul doute que celui-ci a sondé son âme. Il lui a conseillé d'abandonner sa quête, mais il faut apporter au crédit de cette guerrière un entêtement certain, car même un esprit aussi ancien ne pu supporter longtemps ses incessantes supplications.
L'être spirituel finit donc par abdiquer, et conseilla à Nialawia de continuer dans la direction qu'elle avait choisit.

Au Nord donc!

Et le sujet atteignit les anciennes terres des vaillants Arathi, en proie aux affres d'une guerre interne et de l'invasion de la Horde.

Là, après quelques jours d'errance, elle découvrit une petite clairière au milieu de laquelle flottait une gigantesque et noire pierre magique. Cette pierre s'adressa à elle, ou plutôt, quelqu'un s'adressa à elle par l'intermédiaire de cette pierre. Une princesse d'après ses dires, enfermée au sein de notre terre, et ne désirant que sa liberté.

Le sujet ne put donc s'empêcher de demander à la prétendue princesse (thèse qui me parait des plus suspecte puisque tout le monde sait qu'une princesse est enfermée dans la plus haute salle de la plus haute tour) si elle connaissait l'épée des Daunir (l'orthographe est probablement fausse, elle est incapable de me l'écrire correctement). La princesse lui conseilla d'aller voir son geôlier et de lui poser la question. Le geôlier en question était un gigantesque golem qui parcourait les hautes terres, semblant veiller au bon fonctionnement de l'antique prison.

Mais la naïve Rédemptrice, à défaut d'obtenir des réponses auprès de la minérale créature, reçut nombre de coups. L'évidence était faite (même pour le sujet) que cette princesse et ceux qui l'avaient enfermé connaissaient l'épée des Daunir, et étaient de ce fait susceptible de guider l'aventurière sur la bonne voie.

Quelques valeureux et puissants combattants qui passaient par là, voyant la jeune fille foncer dans leur direction en agitant les bras, poursuivie par un golem fou de rage qui faisait trembler le sol, n'eurent pas d'autre choix que celui d'assister Nilayawia et d'abattre la furieuse créature.

La guerrière brisa alors en partie les sceaux qui entravaient la princesse, et celle-ci chargea alors le sujet de prendre contact avec ses partisans pour achever sa libération...

- Ensuite ben on est allé dans un vieux Monastèrrre tout au Norrrd avec mon chef, m'sieur Carrrtorrril et m'sieur Gâte, parrrce que m'dame Lisandrrra nous avait dit qu'on avait des chances de trrrouver un bouquin surrr l'épée. Mais y'en avait tellement! Alorrrs on en à balancé le plus possible ici et on à filé... --s'assombrit-- J'me suis sentie vrrraiment nulle... j'avais embêté plein d'gens, et on avait rrrien trrrouvé... alorrs j'suis rrrestée aprrrès que les autrrres ils sont parrrtis, et j'me suis serrrvi des vêtements des gens d'la crrroisade pourrr rrrentrrrer sans trrrop m'fairrre voirrr.

Tout aussi affairé qu'il était à écrire, le gnome ne pu s'empêcher de lever un regard plein d'incrédulité et de respect mêlés. L'inconscience de cette fille l'empêchait de saisir pleinement les risques qu'elle prenait et lui permettait d'avancer sans peur. Mais bien que cela lui fût jusqu'à présent bénéfique, il était certain qu'un tel comportement lui coûterait la vie si personne ne se chargeait de lui enseigner la prudence.

- Et en fait... --Nilawia haussa les épaules.-- ça s'est bien passé. Il était tarrrd, y'avait prrresque perrrsonne à parrrt des garrrdes et comme... ben comme j'avais un peu pleurré avant... j'sais pas... ils ont crrru que j'étais de corrrvée ou quelque chose comme ça, et j'ai pu fouiller comme je voulais. Mais j'suis pas rrrestée longtemps quand même parrrce que j'voulais pas me fairre attrrrraper parrr le chef de la bibliothèque, vu que lui il me connaît un peu! Donc j'ai bazarrrdé tous les livrrres que j'pouvais parrr une fenêtrrre et je les ai rrrécupérrrré!
Mais j'avais perrrrdu ma p'tite pierrre pourrr rrrentrrrer... --soupire-- j'arrrête pas de la perrrdrrre ca m'énerrrve... alorrrs j'ai tout mis dans ce sac!

Levant le bras, Nilawia arbora fièrement son grand sac en cuir qu'elle avait traîné depuis le monastère, auquel ce long voyage sur les routes pavées avait valu un beau trou noir dans le fond.





Un peu plus tôt, sur le pont de la vallée des Héros.

- Hé Kyr !!!

- mgn...Quoi?

- Arrête de dormir abruti, sinon tu vas te faire muter au fin fond du monde! Enfin bon... tu l'as pas trouvé bizarre toi?

- Qui?! --répondit le jeune Kyr, qu'un réveil brutal suivi d'une insulte ne rendait pas de bonne humeur.

- La donzelle qué passée tout à l'heure pardis! T'en as vu beaucoup?! J'me dit qu'on aurait pas du la laisser passer.

- Ah ouais... t'en fais pas je la connais, elle passe souvent ici, et puis ses parents sont de la région, des bouseux tout c'qu'il y à de plus calme.

- Hahaha! Dis donc ça te monte à la tête l'uniforme ou quoi? T'étais pas un bouseux toi aussi avant d'entrer dans l'armée?! Pfwahahahaaaa!

Dans un profond soupir, Kyr détourna le regard, laissant son collègue à son fou rire. Il ne s'était jamais considéré comme un bouseux. Ses capacités intellectuelles dépassaient largement celles de l'abruti hilare qui l'accompagnait en cette nuit nuageuse, et celles de la plupart des gens du peuple d'ailleurs. Il avait passé de nombreuses années à étudier, à s'instruire... rejoindre l'armée n'était qu'un moyen (ennuyant qui plus est) de subvenir à ses besoin après que sa famille l'eût fichu à la porte.

- Je suis un intellectuel moi... --gémit-il dans un murmure-- Je suis pas fait pour faucher du blé ou garder un pont avec un... mh?

Son regard s'attarda sur une petite forme rectangulaire au milieu du pont que les quelques rayons de lune qui filtraient avec peine des masses nuageuses rendaient à peine visible. Le garde érudit s'en approcha, puis s'accroupit pour ramasser un livre à l'épaisseur peu commune. Sur la couverture, en lettres d'or, on pouvait lire dans un style très ampoulé:



Bien des heures après son entrevue avec le gnome (dont elle ignorait toujours le nom, celui-ci semblant vouloir appliquer à la lettre le principe: "Fais ce que je te dis mais ne fais pas ce que je fais"), Nilawia, qui avait obtenu le droit d'apporter tous ses livres dans un coin, se retrouvait face à trois piles d'ouvrages.

Ses yeux rougis et à moitié clos se portèrent sur l'une des fenêtre de la pièce, desquelles émanait la froide et naissante lueur de l'aube. Dans un soupir mêlant soulagement et déception, elle posa le dernier livre qu'elle tenait en main au sommet de la pile centrale, et s'adossa au mur.

- Ben voila... y'a rrrrien... --pointant les piles une à une-- des bouquins d'arrrtisanat, des bouquins surrr le Fléau, et des bouquins surrrr les guerrres... mais pas d'épée, à parrrt Frrrostmourrrrn --nouveau soupir-- Et en plus j'ai perrrdu le livrrre que j'avais trrrouvé à Carrrtorrril, il va m'engeuler!

Se relevant péniblement, Nilawia alla farfouiller dans son sac à dos et en sortit la tenue qu'elle avait revêtu pour s'infiltrer dans le monastère.

- Tant pis, 'faut que j'y rrretourrrne... mais bon cette fois j'vais y rrrester! J'avais bien prrris soin de fouiller la bibliothèque du chef, donc avec un peu de chance j'le crrroiserrrais plus. 'Faut que j'trrrouve quelque chose de toute façon!

La guerrière sortit de la tour et resta quelques instants à apprécier la douce fraîcheur matinale, dans un de ces rares moments où lui prenait l'envie de trouver quelqu'un à aimer et de préférer le calme et la monotonie d'une vie de couple à sa quête.

- Bon! J'espèrrre que cette fois ce fichu maîtrrre des grrryphons va pas m'dirrre que j'suis trrrop charrrgée, sinon j'épouse le prrremier que je crrroise!

Cette affreuse éventualité et les mille et une tête qu'elle imaginait déjà à son futur époux lui arrachèrent le premier sourire sincère depuis plusieurs jours. Sur le chemin, elle croisa un des enfants de choeur de la cathédrale et le chargea d'informer ses amis Rédempteurs qu'elle s'absentait ("Pas plus de deux trrrois jourrrs hein!"), sans pour autant préciser où et pourquoi.


[HRP]Voila voila... l'absence de Nilawia collera avec la mienne (besoin urgent de me recentrer ^^). On verra bien si elle arrive à s'infiltrer de nouveau ou si elle va passer un sale quart d'heure J'espère que vous aurez pris autant de plaisir à lire ce récit que moi à l'écrire (sinon ben... tant pis j'ai l'intention de continuer ) et je vous dit à bientôt![/HRP]

[HRP]Ce qui suit s'est produit lundi (02/10), et avant l'entrevue avec Shalîmar bien entendu ^^ Désolée de n'avoir pas posté ça à temps ^_^ [/HRP]

Tout s'était bien passé...

Le monastère abritait plus d'une centaine de membres, et était suffisamment grand pour qu'elle se fonde dans la masse sans trop attirer l'attention.

Et pour ceux qui auraient voulu s'intéresser à elle d'un peu trop près, ou savoir d'où elle venait et qui elle était, elle avait prévu un stratagème dont elle n'était pas peu fière.

Quelques fibres, de la suie et du sang maculaient sa joue droite, lui donnant un air de chaire nécrosée aux veines saillantes. Le reste de son visage se perdait dans l'ombre d'une large capuche, et la plupart des curieux, à la vue d'une telle plaie, passaient bien vite leur chemin.

Oui, tout s'était bien passé...

Elle avait pu consulter les grandes bibliothèques tout à loisir, même si son séjour n'avait duré que deux jours. Elle était arrivée peu après que le soleil soit apparu entièrement, le nez enfoui dans le plumage du gryphon sur lequel elle s'était endormie, ses doigts emprisonnant fermement les poils de la bête pour ne pas tomber.

Le maître des gryphons de SouthShore l'avait réveillée d'une bourrade dans les côtes, et elle avait prit la route du monastère, quelques larmes perlant au coin de ses yeux à chaque qu'elle bâillait.

Sur le chemin, elle croisa un nain mont sur un bouc odorant. Celui-ci, affichant un sourire qui dévoila des dents qui n'avaient visiblement pas été mises en contact avec une brosse depuis un long moment, s'enquit de la direction de la jeune fille avec un accent à couper au couteau qui fit sourire et rassura Nilawia.

C'est ainsi qu'elle atteint le monastère, les bras passés autour de la taille du nain qui ne s'en plaignait guère, le visage sur son épaule, une fois de plus endormie.

Elle ne se réveilla que plusieurs heures plus tard, allongée dans un bosquet, son aimable transporteur disparût. Toute autre femme se serait probablement demandé si le petit homme n'avait pas profité de son assoupissement, mais la complexité de l'armure que revêtait Nilawia et le fait qu'elle soit toujours en place répondait déjà à une telle question.

Elle s'attela alors à la difficile tâche d'enlever son équipement afin d'enfiler celui que portaient tous les habitants du monastère, empaqueta toutes ses affaires et les enfouit sous terre, priant pour que personne n'ai l'idée saugrenue de traverser ce bosquet si dense et ne remarque la terre fraîchement remuée.

Ceci fait, une main sur la garde de son épée, affublée de sa capuche et de son affreuse plaie sanguinolente, elle pénétra dans l'édifice sans aucun problème...

...car tout s'était bien passé.

La jeune rédemptrice avait passé la moitié de la journée à fouiller au hasard quand elle réalisa qu'il lui faudrait plusieurs semaines pour parcourir toute la bibliothèque. Elle prit alors le risque de s'adresser à un jeune garçon qui n'avait pas l'air bien dangereux et auquel elle n'aurait pas de mal à briser la nuque rapidement si la situation tournait mal.



- Et merde...

La mâchoire serrée, retenant ses larmes, Stefried s'accroupit rapidement pour ramasser les livres qu'il venait de faire tomber.

- Y'en a marre, marre, marre, marre! J'en ai vraiment plein le c... --deux tapes brèves sur son épaule-- quoi enc... AAAAAAAAAH!!!

Son cri résonna contre les parois de pierre froide du long couloir, brisant le silence étouffant des lieux. Il se ramassa aussitôt, la tête dans les épaules, les yeux clos dans une parfaite réplique du type qui vient de faire une grosse erreur et qui s'attend à se faire sermonner.

La chose qu'il venait de voir en se retournant était l'une des plus immondes qu'il ai vu du haut de ses quinze ans. Mais est-ce qu'il avait bien vu? Est-ce qu'une telle horreur était seulement possible ?

Voyant que le coup qu'il attendait ne venait pas, il s'aventura à rouvrir les yeux. Il fixa résolument deux paires des bottes usées au cuir tâché de graisse, puis, petit à petit, remonta le long de deux jambes qu'on devinait fines malgré la largeur du pantalon cramoisi qui les couvrait, sentit une pointe de désir monter à mesure que les hanches de ce qui était vraisemblablement une interlocutrice s'élargissaient.

Tout en se relevant, il parcouru les courbes de la taille de la demoiselle, rêva quelques instants sur l'échancrure de sa chemise blanche qui dévoilait un peu de son torse sur lequel son jeune âge lui donnait le droit de s'attarder, fronça quelque peu les sourcils lorsque les replis de la cape de la fille coupèrent court à toute estimation quant à la taille de sa poitrine, et parvint enfin jusqu'à son visage, ne pouvant réprimer un frisson de dégoût.

*Nom de dieu... quelle horreur! Quel dommage qu'un corps comme ça soit surmonté par une telle saloperie... mais bon… ça fait un bail que…*

Plissant les yeux, il tenta de dissimuler un peu plus du visage de la jeune fille. Oui... dans le noir, ça ne se verrait sûrement pas, ou alors de dos...

- H-hey...! Salut toi... Toi aussi t'es coincée dans cette foutue bibliothèque? Si ça te tente, je connais un coin sympa où tu pourras voir autre chose que des livres...

Ce n'était pas très bon, voir nul. Mais vu l'étendue de la chose qui bouffait la joue de cette donzelle, il était quasiment certain qu'elle ne refuserait pas. Pour une fois que quelqu'un s'intéressait à elle... oui... il se savait (se croyait) suffisamment beau pour séduire n’importe qui dans cet endroit pourri, mais bon... il n'y avait pas de mal à rendre service à une pauvre âme de temps en temps...

Un sourire carnassier sur les lèvres, Stefried avança une main vers le bras de sa future conquête, déjà passablement excité par l'étrangeté de l'acte auquel il allait s’adonner. Mais la pauvre fille esseulée, désespérée et en rut qu'il croyait avoir en face de lui retira son bras avec une vivacité qu'on ne lui aurait pas soupçonné.

Faisant quelques pas en arrière, elle s'exprima avec fermeté, à voix basse...

- J'sais pas trrrop ce que vous voulez me montrrer mais moi c'est les livrrres qui m'intérrressent justement.

Un peu décontenancé, le sourire de Stefried s'effaça quelques instants, avant de s'élargir d'avantage. Il en avait déjà connu des petites mijaurées qui aimaient se faire prier et qui refusaient ses avances. Aucune n'avait tenu bien longtemps. Et même si voir un tel laideron ne pas se jeter dans ses bras blessait son amour propre, il se jura qu'elle ne ferait pas exception aux autres.

- Allez ma b... ma belle! En plus je suis sûr que t'as jamais vu ce que je vais te montrer. Tu vas voir ça va te plaire!

- Vous saurrriez pas si y'a... mh... comme une espèce de classement pourrr ces bouquins? J'en cherrrche un prrrécis mais je sais pas trrrrop dans quel coin le trrrouver. C'est rrrangé tout ce bazarrrd?

Voila qu'elle l'ignorait! Avait-elle seulement conscience de l'honneur qu'il lui faisait? Comment cette catin repoussante osait-elle se montrer si arrogante?!

Avec plus de rapidité que la fois d'avant, il saisit le bras de la jeune fille, le serra sans guère se soucier de la douleur qu'il pouvait lui infliger, et tira, tentant d'attirer la garce à lui pour lui donner un avant-goût.

La seule chose qui vint à sa rencontre fut la main libre de Nilawia, qui se saisit de sa gorge avant de le plaquer sans ménagement contre le mur.

- Hé hé ! Je vois, t'es le genre de chienne qui aime la violence hein? T'es pas aussi sage que t'en as l'air, allez viens!

Pour toute réponse, les doigts qui entouraient sa gorge se serrèrent d’avantage, réduisant le souffle du jeune obsédé à un mince filet qui s’échappait de façon saccadée dans un son strident.
Là, ça devenait un peu trop violent à son goût, mais coupant court à toute réflexion, l’autre main de la jeune fille (que la surprise lui avait fait lâcher) se plaqua contre son entrejambe, marqua un temps d’hésitation pudique, puis le souleva d’une dizaine de centimètres, faisant disparaître son excitation à mesure que la douleur grandissait.

- gnnnn… !!! Y’a-un-registre-a-l’entrée-de-la-bibliothèque-avec-un-plan-des-zones-et-la-liste-de-tous-les-livres-je-vous-en-supplie-lachz-moiiii…

Stefried poussa un soupir plaintif et empreint de soulagement en sentant ses pieds de nouveau toucher le sol et les mains se retirer tant de sa gorge que de cette précieuse partie de son anatomie.

- Merrrci.

Le ton sincère, chaleureux et chargé d’excuses qu’il entendait dans la voix de la femme raviva sa honte et sa colère. Boitant quelque peu, Stefried partit sans un regard en arrière, marmonnant un chapelet d’insultes à l’intention de son ex-future conquête.



Nilawia ne tarda pas à trouver le registre dont lui avait parlé le jeune homme. Elle n’avait pas bien compris ce qu’il voulait, mais ce n’était de toute manière pas le moment de s’en soucier. La personne qui tenait à jour ce registre devait être mort depuis de nombreuses années sans personne pour lui succéder, car le plan n’était qu’à moitié fini, et la dernière entrée lisible datait d’il y à cinq ans.

Et c’était une chance pour ladite personne, car la jeune fille, nerveuse comme elle l’était, lui aurait tordu le cou sur-le-champ.

- Quelle idée stupide d’écrrrirrre aussi petit…

Pour avoir déjà pas mal parcouru les couloirs de la bibliothèque, la guerrière reconnut sans peine la partie de l’édifice qui était dessinée sur le plan et plissa les yeux, son nez touchant presque les pages, captant l’entêtante odeur de vieux papier qui en émanait, essayant de lire les notes.

Quelques minutes s’écoulèrent dans le plus grand silence, seulement interrompu par le gazouillis étouffé de quelques oiseaux derrière l’une des vitres ouvragées, le souffle des torches qui brûlaient et le sien, saccadé, rendu court par sa découverte.

- Là…

Elle effleurant d’un doigt légèrement tremblant une partie du plan, et se dirigea d’un pas rendu pressé par la fébrilité qui l’animait vers l’endroit.

Elle progressait, tout se passerait bien !

- J’te dis, complètement timbrée cette fille ! Regarde la marque qu’elle m’a faite !

Stefried, levant le menton, montra les marques que les doigts de Nilawia avaient laissé. Son compère, Jonas, à peine plus âgé que lui, s’était récemment vu attribuer des tâches plus intéressantes que ranger les livres, et il représentait un modèle aux yeux de Stefried, qui ne l’admettrait cependant jamais.

Contrairement son ami à la tenue négligée et à la tignasse noire toujours en désordre, Jonas, pour qui l’aspect était primordial, portait les cheveux longs, les huilant légèrement pour améliorer les reflets naturels que leur conférait leur blondeur. Des petites lunettes sans branches pesaient sur un nez fin tandis qu’un duvet naissant tapissait ses joues.

- Eh ben… --marmonna-t-il en passant sa main sur sa propre gorge, ses yeux mi-clos qui, plus que toute autre chose, lui donnaient l’air d’un intellectuel-- Elle t’a pas raté…

- Ouais ! Jamais vu une nouvelle aussi chiante ! D’habitude elles te tombent tout cru dans les…

- Comment ça une nouvelle ? Ca fait un moment qu’on n’a accueillit personne ! Le vieux m’aurait tenu a courant.

- Tu parles ! Comme s’il avait que ça à foutre de te tenir au courant ! Mais j’vais pas me laisser démonter tu vas voir, j’vais retourner la voir dans quelque jours et la…

- Il faudrait quand même se renseigner…

Tout aussi admiratif qu’il était, Stefried ne pouvait s’empêcher de ressentir une bouffée de haine lorsque son ami le coupait si sèchement, avec ce petit air prétentieux qu’il avait depuis ses nouvelles affectations.

- Ouais ouais, allons-y, mais tu vas voir, elle est coriace cette guenon !



Tout s’était bien passé !

Tout s’était bien passé jusqu’à ce que le garçon à qui elle avait demandé conseil ne revienne accompagné d’un autre garçon à l’air bien plus intelligent.

Et les gens à l’air intelligent, pour peu qu’ils le soient vraiment, ne se laissent que rarement avoir par des stratagèmes aussi gros que « La technique anti-curieux » de Nilawia.

Elle ne les entendit pas arriver dans son dos, toute à sa contemplation des trois gros volumes à la couverture brune et aux pages pleines de promesses qu’elle venait d’extraire avec difficulté d’un des plus hautes étagères.

La conversation fut brève. Qui était-elle, d’où venait-elle, pourquoi était-elle ici, qui l’avait affectée, qu’est-ce qu’elle avait sur la joue, où dormait-elle ? Nilawia n’était pas douée pour les mensonges. Lorsqu’il s’agissait simplement de ne rien dire, tout allait bien, mais inventer des mensonges sur le pouce était une tâche impossible, et son impulsivité ne lui permettait pas de se renseigner sur l’ennemi et de préparer des mensonges à l’avance.

Le garçon à l’air futé ne tarda pas à constater que les réponses de la jeune fille devenaient de plus en plus évasives à mesure que les siennes se précisaient. Il finit par faire demi-tour, suivit par son compère qui, bien que plus stupide, avait compris que quelque chose clochait et demandai à voix basse à son ami pourquoi ils ne faisaient rien.

Mais contrairement à Stefried, Nilawia savait que Jonas faisait quelque chose. Il s’avançait du pas tranquille de quelqu’un qui à quelque chose à cacher, et s’apprêtait sûrement à aller donner l’alarme.

Et la jeune fille eût tout à loisir d’apprécier la véracité de son hypothèse lorsqu’elle sentit le pas lourd et empressé d’une dizaine de combattants ébranler le sol alors qu’elle venait à peine de trouver un sac ou jeter ses livres en vue d’une retraite précipitée.

Inutile de s’attarder sur la suite des évènements… Des sifflets retentirent dans l’air à mesure que l’alarme se répandait dans le monastère, semant la plus grande confusion, bientôt mêlés aux aboiements excités et furieux des chiens que l’on lâchait.

Par chance, la rumeur circulait que l’ennemi était seul, et vêtu des habits de la croisade. Ainsi, hormis la première troupe de gardes qui la suivaient de près, la plupart des autres habitants du monastère furent trop occupés à arracher le casque de leur voisin et à s’accuser mutuellement pour la remarquer.

La jeune Rédemptrice sortit cependant avec pas moins d’une vingtaine de membres de la croisade écarlate à ses talons. Une flèche lui avait percé le flanc droit, et courir était devenu un véritable supplice, mais l’adrénaline et la peur aidant, elle continuait de courir, les bras le long du corps, le visage figé dans une expression qui, sortie de son contexte, aurait pu être drôle, serrant contre sa poitrine le sac de livres comme si c’était sa propre vie.

Elle courut ainsi sur de nombreux mètres, pas assez pour semer ses poursuivants, mais suffisamment pour les distancer. Arrivée au pied des montagnes, elle les escalada en mettant à profit tout l’enseignement nain qu’elle avait reçu et finit par se débarrasser de ce que Cartoril aurait sûrement pris pour des admirateurs (cette pensée laissant échapper un rire rauque et nerveux qu’elle s’empressa d’étouffer).

Nilawia finit par s’allonger au fond d’une petite crevasse à moitié dissimulée par quelques buissons rachitiques, et poussa un profond soupir de soulagement.

- Pfouhh… j’ai eu peur c’te fois… --dit-elle en essuyant quelques larmes qui perlaient--

Plusieurs heures après, alors que le jour déclinait, elle retourna chercher ses affaires enterrées dans le bosquet, et décida de regagner les terres civilisées en coupant par les montagnes, au cas où ses poursuivants auraient placé des sentinelles sur la route.

Du sang coulait le long de la flèche qui l’avait transpercée de part en part, mais ce serait pire s’il elle l’ôtait trop tôt, aussi attendit-elle de trouver un cours d’eau ou laver proprement sa plaie avant de retirer d’un coup sec le trait et de s’entourer la taille de plusieurs étoffes de soie en pestant contre un tel gâchis.

Une fois sa brève opération effectuée, elle reprit la route, souhaitant mette le plus de distance possible entre elle et le monastère avant de s’accorder un peu de repos, puis elle marcherait (boiter aurait été un terme plus exact) jusqu’au port de Ménéthil, de là, elle se rendrait à Théramore pour semer définitivement ses ennemis (mais surtout pour apaiser la paranoïa qui s’était installée), et filerait à Baie du Butin pour quelques jours de convalescence.

Un léger gloussement monta dans l'air, se muant peu à peu en un rire qui ressemblait d'avantage à un croassement, et mourut dans un petit cri de douleur accompagné d'une toux.
Pour tout vêtement, Nilawia serrait contre sa poitrine une longue épée à l'allure inquiétante. Un long manche noir orné d'un pommeau représentant le visage d'un démon qu'elle espérait ne plus jamais revoir, contrastait étrangement avec la blancheur presque dérangeante de la large lame ouvragée. La garde, symétrique donnait à l'épée l'allure d'une croix maudite.

Tentant de se servir de l'arme du mieux possible pour masquer sa nudité, la jeune femme avança lentement en boitant. Tout son corps tremblait malgré la douce chaleur de l'air, ses cheveux défaits tombaient en cascade devant ses yeux grands ouverts desquels des larmes amères coulaient, semblant ne jamais devoir s'arrêter. La honte et l'horreur l'envahissaient au souvenir de l'épreuve qu'elle venait de subir sur ce promontoire mille fois maudit, mais ses lèvres bleues étaient retroussées en un sourire quasi-extatique.

Elle l'avait...



Enfin...



Des bandages fins serrés autour de ses plaies, vêtues d'une robe blanche légère et de sandales de cuir, la demoiselle Stonefield arpentait les rues de Stormwind, la mine soucieuse. Sa joie de tout à l'heure avait fait place à bon nombre de questions. Certes elle était à présent certaine que l'épée existait (l'idée que le récit qu'elle avait lu ne soit qu'un bête conte pour enfants n'effleura pas son esprit une seconde). L'épée était cachée, ça non plus ce n'était pas un secret.
Elle abritait l'âme d'un démon de l'ancien temps, et devait s'attendre à souffrir... Soit.

Elle essayait d'apporter un peu de paix et de calme dans ce monde, ça valait bien quelques souffrances.

Cependant quelque chose d'autre la poussait à continuer, une chose qu'elle refusait de s'avouer. Elle n'avait à proprement parler pas d'amis. Des connaissances, des compagnons, des alliés certes, mais pas de ces gens près desquels vous vous sentez en toute confiance, ces personnes que vous croisez chaque jour que les Dieux font et que vous connaissez aussi bien qu'elles vous connaissent.
Bien sûr elle l'avait lui... mais il y avait peu de chances qu'il sache un jour ce qu'elle ressentait. Et encore moins de chances qu'il ressente la même chose.
Pas de projets d'avenir, pas d'envie, pas de soutien...
Et de fait, la raison qui la pousserait réellement à aller jusqu'au bout de sa quête, c'est que c'était la seule chose qui donnait un peu de sens à sa vie.

Perdue dans ses pensée, elle rentra dans la cathédrale, et s'enfonça dans les catacombes. L'endroit, propice à la réflexion, attirait de plus en plus la demoiselle. Elle arriva dans une salle basse de plafond, au centre de laquelle se dessinait l'ouverture d'une grande cuve. Bien qu'oubliée, la pièce était ouvragée, des quatre points cardinaux, des hommes sculptés joignaient leurs mains au-dessus du bassin au fond duquel une étrange eau lumineuse clapotait, unique source de lumière de l'endroit, baigné d'une lueur bleue.
Elle s'était souvent interrogée sur l'utilité d'une telle pièce depuis qu'elle l'avait découverte au cours de l'une de ses explorations du saint bâtiment, mais n'avait pas osé demander à un prêtre, de peur de s'en voir interdire l'accès.

Accroupie au bord de la cuve, Nilawia plongea son regard dans l'eau étrange et fascinante.

Elle parla d'une voix basse qui résonna sur les parois de granit humide.

- Je sais qu'elle existe... mais je sais toujourrrs pas où la cherrrcher...

Son corps endolori agité de spasmes, Nilawia, la bouche ouverte, un filet de bave coulant le long de sa joue, posa inconsciemment une main sur son entrejambe douloureuse. Quelque chose en elle la rongeait, s'installait de la plus odieuse façon dans son corps, et semblait lui déchirer les chaires.
La douleur croissait à chaque instant, faisant frôler la folie à la jeune femme qui se serait ouvert le ventre sur-le-champ avec soulagement si elle en avait eu la force.

*Survis, et tu obtiendras...*

La guerrière se raidit, prise de terreur à l'entente de cette voix semblant venue de nulle part, et poussa un cri perçant, déchirant l'air, faisant s'enfuir quelques oiseaux qui s'envolèrent dans des caquettements indignés, puis elle s'évanouit, son corps se détendant lentement tandis que de ses lèvres s'échappait un râle léger.




C'est durant la nuit qui avait suivi son combat avec Myzrael que c'était arrivé pour la première fois. Enfermée dans sa petite chambre des plus rudimentaire, Nilawia, allongée sur son lit, les bras croisés derrière la tête, fixait le plafond. Les rares rayons lunaires qui passaient à travers les volets usés et voilés étaient la seule source de lumière de la cellule.

Profitant de la pénombre, la Rédemptrice réfléchissait, encore...
Elle n'avait plus de piste à présent, et ça, c'était sacrément embêtant. D'autant plus qu'elle venait de recevoir l'ordre de trouver l'épée d'Edonir pour passer officier!

*Tu patauges on dirait*

Relevant subitement la tête, la guerrière chercha du regard la personne qui s'adressait à elle en avançant lentement une main vers son arme au pied du lit. N'avait-elle pas verrouillé la porte?

Un léger grattement se fit entendre, dérangeant, de ce genre qui vous donne la chaire de poule, comme lorsque vous passez vos ongles sur un tableau noir.

Dans un coin de la pièce, un garçon d'une quinzaine d'années tout au plus, ses longs cheveux hirsutes se dressant sur sa tête, donnant tout son sens à l'expression "coiffé avec un pétard", se tenait debout, les mains négligemment enfoncées dans les poches d'un pantalon blanc de toile grossière qui contrastait avec le noir profond de son haut moulant.

Le garçon ricana en voyant Nilawia grimacer à l'entente de ce son si agaçant qui ne cessait plus.

- Tu t'es perrdu? -demanda la jeune fille, qui bien qu'ayant quelque peu relâché son attention, gardait son arme à portée de main tout en allumant la bougie de sa table de chevet-

*Dis pas de conneries, si je m'étais paumé, qu'est-ce que je viendrais faire ici...*

Elle fronça les sourcils. Elle devait avoir mal vu mais il semblait bien que...

La mèche de la bougie s'enflamma au contact de l'allumette et baigna la pièce d'une lueur jauneâtre et vacillante. Elle discernait mieux les traits du jeune homme à présent, qui en avait de moins en moins l'air...

Ses yeux étaient cerclés de noir, comme maquillés - mais c'est pas du maquillage- songea-t-elle sans trop savoir d'où lui venait une telle certitude. Ses pupilles n'étaient que deux cercles jaunes dépourvus de rétine, et véhiculaient une haine effrayante. Il ne semblait pas non plus avoir de sourcils, même si les cheveux sombres masquant son front ne pouvaient le garantir.

Son poignet gauche portait une épaisse et lourde chaîne aux reflets irisés, tout comme celle qui pendait à sa taille.

Mais le pire était sans doute sa mâchoire...

Pas de lèvres... un simple trait lui servait de bouche qui arborait pour l'instant un sourire chargé d'ironie. Sa mâchoire tournait lentement et imperceptiblement, comme si le garçon (elle ne pouvait pas encore se résoudre à admettre que c'était bien pire qu'un garçon) rongeait quelque chose.

C'était de là que venait le bruit...

Et avec la même certitude que tout à l'heure, elle sut que cet étrange visiteur ne mâchait rien, qu'il prenait simplement plaisir à faire racler ses dents les unes contre les autres.

Le sourire ironique se mua en un horrible rictus sans aucune amabilité, exposant des crocs blancs d'entre lesquels une langue mauve se faufiler.

Il sortit les mains de ses poches, des mains bien trop grosses, des mains d'adulte, pourvues de griffes.


*Pfff ben quoi, j'te fais peur? T'es chiante, j'ai fait de mon mieux pour avoir l'air humain... héhéhé...*

Un frisson parcourut Nilawia. Finalement, elle n'avait pas mal vu... ce monstre parlait sans remuer les lèvres... Sa main sa posa sur le manche de son épée, et elle assura fermement sa prise.

- Qu'est-ce que tu veux?

La chose eut un reniflement de dédain.

*La même chose que toi bien sûr. Tu veux me trouver, je veux que tu me trouves. Mais comme t'es franchement pas futée, je viens te filer un coup de main.*

- T'es qui?!

*Pfff... j'savais que t'étais un peu coconne mais là tu bats tous les records... Enfin bon, ferme la cinq minutes et écoute-moi, j'ai pas beaucoup de temps. Et lâche ce truc ca te servira à rien...*

Sans vraiment comprendre pourquoi, Nilawia obtempera et déposa l'épée à côté d'elle. Les armes ne serviraient à rien contre lui, simplement parce que...

L'avatar d'Edonir gratifia à nouveau la jeune fille d'un sourire hideux.

*Ca y est, ça commence à s'allumer dans ta petite caboche? Bon alors écoute... Tout le monde s'est payé ta tête. Les soi-disant guides qui t'ont envoyée dans le Nord n'avaient aucune envie que tu trouves l'épée. Tu piges? Ca leur ferait mal qu'un crétin d'humain devienne plus puissant qu'eux!

C'est rageant hein? Se faire rouler dans la farine par tout le monde comme ça, être prise pour une cruche par tout le monde... enfin faut avouer que t'as la tête de l'emploi, mais quand même...

Enfin bref, j'ai réussi à projeter un peu de mon pouvoir hors de cette foutue prison, histoire de te contacter. Rien n'est éternel ma p'tite, et même le pouvoir des Dieux commence à s'affaiblir. J'pourrais bien patienter quelques millions d'années le temps de pouvoir sortir tout seul, mais j'vais d'abord tenter ma chance avec toi, ça marche?*

Comme dans un songe, Nilawia hocha la tête mollement, incapable de savoir si tout cela n'était que le fruit de son imagination ou pas.

*Ferme la bouche quand même, on dirait un poisson crevé.
En fait, t'as pas besoin de faire grand chose pour me trouver, il te faut juste trouver le lieu, et la clé.
La clé doit traîner dans les terres ingrates. Un gars qui avait essayé de me libérer l'avait trouvé en faisant des fouilles du côté de l'arbre monde, mais il s'était fait emmurer vivant par le clan qui à écrit le poème que t'as lu. Ces espèce des bâtards qui se prenaient pour des justiciers...*

L'avatar cracha par terre, le crachat passant à travers le sol comme s'il n'existait pas.

*Toujours est-il que si tu veux trouver l'épée, faut trouver la clé. Quand ce sera fait, j'te dirais où est l'épée. Mais fais gaffe, y'a de la magie dans l'air.*

Et sans plus de cérémonie, le démon disparu, semblant se fondre dans le mur, laissant une Nilawia hébétée.

Le soleil n'était pas encore levé que sur le parvis de la cathédrale, la jeune rédemptrice, juchée sur sa jument Libellule, s'apprêtait à partir pour les terres ingrates, incapable de fermer l'oeil, ce qui ne serait bientôt plus inhabituel.

Nilawia inconsciente, son esprit s'égarait dans des cauchemars à moitié réels, tantôt pourchassée, parfois haïe, souvent méprisée, battue, humiliée. Les pensées défilaient à une vitesse incroyable, mais chaque image semblait se graver dans l'esprit de la demoiselle qui ne les oublierait jamais.

Son corps se convulsait au gré de ce flot d'horreurs qui se déversait dans sa tête. Prise d'une crise de fou rire, elle fondit en larmes l'instant d'après, avant de pousser un cri rageur en griffant l'air de ses ongles, puis ses bras retombèrent, inanimés, comme si elle était morte, tandis qu'un myriade d'expressions tordait son visage.

De sa bouche s'échappaient gémissements et cris, entrecoupés de marmonnement inaudibles. Les rares fois où ce que disait la jeune fille devenait compréhensible, elle semblait s'adresser à des personnages invisibles, sa voix prenant des intonations différentes, allant de celle d'une enfant à l'imitation ratée d'une voix d'homme grave. Les langues se mélangeaient, et la Rédemptrice qui avait toujours eu du mal à parler correctement le langage commun, maniait dans ses rêves l'Orc, l'Elfique et la langue des démons avec facilité.


La lame de l'épée d'Edonir, toujours fichée dans le sable, perdit de son éclat malsain un bref instant, tandis qu'une silhouette approchait du corps torturé de la jeune Nilawia.
L’individu considéra l'arme un instant, mal à l'aise, puis inspira profondément et s'approcha d'avantage, mettant un genou à terre avant de se pencher plus avant sur la guerrière.



Localiser la clé n'avait pas vraiment posé problème, elle l'avait trouvé le jour même. La récupérer avait été plus douloureux…

Les terres ingrates étaient pleines de sites de fouille et elle les explora tous dans l'espoir que le lieu qu'elle recherchait était dans l'un d'eux. La Ligue des Explorateurs n'avait découvert qu'un seul tombeau, isolé, sans aucune fioriture, comme si on l'avait placé là pour que personne ne le retrouve.

Profitant de la pause déjeuner des Nains responsables du site, elle avait rapidement descendu les quelques marches qui menaient dans une petite pièce rectangulaire et mal éclairée. Des alcôves creusées à même la roche abritaient pour la plupart des cercueils en mauvais état, quatre urnes imposantes au contenu douteux avaient été disposées dans chacun des coins. Le sol était inégal. Au centre de la pièce, ne laissant qu'une trentaine de centimètres de marge avec les murs, une espèce de cuve peu profonde et à sec regorgeait d'os de petits rongeurs et autres bestioles qui s'étaient aventurées dans ce lieu et n'avaient jamais retrouvé la sortie. Face à l'entrée, une niche avait été creusée.

Un squelette tout en armure y était assis, ses bras décharnés reposant sur les accoudoirs d'un imposant trône de pierre. De chaque côté, les restes de quatre autres squelettes gisaient.

*Le chef... et ses lieutenants sûrement. -songea-t-elle, n'osant rompre le silence pesant qui régnait- Ils ont du tuer et enterrer ici toutes les personnes dont il était proche, en le laissant seul avec tous ces morts...*

L'endroit sentait le vieux parchemin et la poussière. Pas d'odeur de chaires mortes ou de cadavres en décomposition. Le tombeau ne datait pas d'hier, ce qui, étrangement, ne semblait pas être le cas du squelette assis sur son trône. Celui-ci suintait un liquide huileux qui reflétait la faible lumière des quelques torches sur le déclin. L'être sans vie fixait de ses orbites vides l'entrée où se trouvait à présent Nilawia, ses dents jaunes figée dans un rictus, comme si l'homme n'avait cessé d'attendre la venue de quelqu'un jusqu'à sa mort, et peut-être même après...

Le vent qui s'engouffrait en sifflant dans le court escalier éteignit une des torches, donnant à l'endroit un aspect encore plus lugubre. Mais malgré son jeune âge, Nilawia avait exploré des endroits bien plus effrayants, et à bien y réfléchir, la seule chose qui l'avait encore plus effrayé que le jour où elle était rentrée dans cette caverne pleine d'araignées, c'était le soir où elle avait "vu" Edonir.

Aussi s'avança-t-elle d'un pas certain, songeant avec l'inconscience qui la caractérisait, qu'elle ne risquait pas grand chose face à un squelette, même si celui là coulait.

Revêtant ses gants, elle commença à fouiller le cadavre à la recherche d'une clé, mais n'en trouva pas. Se pouvait-il qu'elle se soit trompée, ce tombeau n'était-il pas le bon? Après tout Edonir l'avait bien dit, tout le monde s'était moqué d'elle, alors pourquoi pas lui aussi?

Peu convaincue par cette dernière supposition et refusant de s'avouer vaincue, Nilawia commença à examiner le trône à la recherche d'un interrupteur ou d'une quelconque cachette pouvant renfermer une clé.
Bernique...

L'oeil de la guerrière fut attiré par quelque chose. Au doigt du mort centenaire, une bague d'un noir mat difficilement visible dans la pénombre constituait le seul bijou qu'elle ait vu durant sa fouille. Après tout… une clé n’avait peut-être pas besoin d’en avoir la forme pour en être une…
Elle s'empara de l'objet avec avidité. La main tomba en poussière au moment où elle la toucha.

Soudain, quelque chose craqua derrière elle, la jeune fille poussa un cri de surprise en se retournant, affichant déjà l'air de quelqu'un qui vient de se faire prendre la main dans le sac, convaincue que les Nains étaient revenus.

Personne... cependant, le bruit léger et agréable d'un liquide qui coule emplit l'air en même temps qu'une douce odeur sucrée. Regardant dans la direction du bruit, la Rédemptrice s'aperçut que l'une des jarres s'était fendue en son centre et que son contenu se déversait dans le drôle de petit bassin central après un bref parcours dans une rigole.

Nouveau craquement sur sa gauche. Une autre jarre venait de se fendre. *crack* une troisième! Le liquide sombre emplissait peu à peu la cuve et fascinait la jeune femme à tel point qu'elle n'entendit pas le dernier conteneur suivre l'exemple de ses pairs.

Après quelques instants d'hébétude, consciente de la menace qui pesait à présent dans ce lieu de mort, Nilawia dégaina son épée, l'anneau passé à son doigt trop petit.

Elle n'osait pas approcher des jarres, et se refusait à mettre les pieds dans cette chose noire et sirupeuse que contenait la cuve.
Mais Nilawia, qui était juste partie ce matin dans le but d'aller prendre une clé, et qui n'avait fait que peu de cas de figure de l'avertissement d'Edonir, ne s'était pas encombrée de sa lourde armure de plaque, lui préférant un équipement de cuir léger.
Aussi n'eut-elle pas beaucoup de mal à sauter au-dessus de la cuve, manquant cependant de glisser sur un petit os à son atterrissage et de prendre un bain forcé.
Un grondement fit légèrement trembler le sol alors que la guerrière reprenait son équilibre. Le liquide noir qui miroitait de mille couleurs sembla soudain s'animer, s'élevant de quelques mètres dans un vrombissement entêtant pareil à celui d'une ruche.

La masse sombre fonça sur la jeune fille surprise qui, par pur réflexe, croisa les bras devant son visage en fermant les yeux. Quelque chose de froid enveloppa sa main droite, de terriblement froid, puis plus rien. L'espace d'un affreux instant, Nilawia crut qu'elle venait de perdre sa main, ne la sentant plus, puis ses sensations lui revinrent.

Ouvrant les yeux, elle hoqueta en s'apercevant que la forme liquide avait prit une allure humaine. Tous les os du petit bassin (et pas seulement ceux des animaux, les deux squelettes entourant l'ancien chef sur son trône avait été réquisitionnés aussi) s'étaient mêlés à la substance pour former le squelette de la créature. Le vrombissement ne cessait plus, vrillant les tympans de la demoiselle qui, tâchant de reprendre ses esprits, se mit en garde, maudissant une fois de plus son imprévoyance.

La forme humanoïde tendit ce qui ressemblait à son bras, au bout duquel l'anneau de pierre noire semblait flotter.

- Hé! C'est à moi ça!

- NooOoOoonN...

La voix d'outre-tombe de la créature résonna, puissante et tremblante.

- NuL ne PEut s'EMpareR dE l'AnNEau MAUDIT... repaRS d'OU tu Viens FeMME!

- Oui oui, eh ben j'ai pas fait tout ce chemin pourrr entendrre ça d'la parrrt d'un... euh... d'un trrruc mou!

- sOIT... tu REjoinDrAS dONC TouS lEs FOus qui t'ONt PrECEdée!!

Le vrombissement s'intensifia à en devenir insoutenable. Nilawia eut l'impression que ses yeux allaient sortir de leurs orbites dans un plop répugnant et que ses dents allaient se déchausser. Des larmes coulaient de ses yeux et du sang de son nez.
Portant les mains à ses oreilles, elle hurla sans pour autant parvenir à surpasser ce son terrifiant.

Puis le bruit cessa.*Ca y est je suis sourde* mais elle finit par percevoir le léger crépitement de la seule torche encore en activité, et poussa un soupir de soulagement, qui avorta.

Devant elle, la forme avait fusionné avec le squelette en armure qui, prenant appui sur son siège, se relevait lentement.
A mesure que l'ancien porteur de l'anneau reprenait vie, la substance liquide changeait de forme et de couleur. Sous la pression, l'armure était broyée et se transformait elle-même en une chose que Nilawia ne pu bientôt plus voir, car la chose avait fini de prendre consistance, et possédait à présent une peau mauve et écailleuse, tâchée de vert par endroits.

La créature, joignant les doigts de sa main droite, l'enfonça sans ménagement dans son ventre, et en retira une épée effilée dans un bruit de succion écœurant. La lame reflétait les diverses teintes de l'armure dont elle était née.

Pas de sang, ou autre liquide ne sortit de la plaie ouverte, qui se referma aussitôt après le passage de l'arme.
La créature semblait invincible. Si elle pouvait soigner des plaies qu'elle s'infligeait elle-même, les coups d'épée de la jeune fille ne risqueraient pas de lui faire grand mal.

Mais un détail important attira son attention. Là où la chose aurait du avoir une main gauche, seul un moignon suintant résidait. L'horreur qui lui faisait face n'avait pas été capable de refaire les os qui étaient tombés en poussière précédemment.

*C'est le squelette que je dois atteindre* s'encouragea-t-elle tout en étant consciente que son épée et sa petits bras ne lui permettraient jamais de couper et de frapper suffisamment fort pour atteindre l'os si elle ne rusait pas.

- J'aurais du devenir paladin, au moins avec un marteau, pas de problème... pfff…

Mais malgré le ton plaintif de la demoiselle Stonefield, l'excitation et l'envie de combattre perçaient dans sa voix. Se plaçant en position défensive, fixant résolument son nouvel adversaire, elle attendit qu'il charge.

Ce qui ne tarda pas. La créature, lourde et puissante, fondit sur son ennemie qui bloqua son attaque en souriant de toutes ses dents, l'air menaçant. Nilawia qui tenait son arme à deux mains, passa la gauche dans son dos, détacha le bouclier et dans un cri de fureur, l'envoya heurter le crâne du "truc mou" qui vacilla et fit quelques pas en arrière. Profitant de cet instant, la guerrière lâcha son bouclier, empoigna de nouveau sa lourde épée à deux mains et bondit, l'arme au-dessus de la tête, avant de l'abattre de toutes ses forces sur celle de son adversaire, qui se fendit en deux.

Dans un hurlement assourdissant, la chose lâcha son arme et recula de nouveau, plaquant ses mains sur les deux parties de sa tête fendue et essayant de les recoller. Mais l'épée de Nilawia (qui après ce superbe coup s'était étalée de tout son long sur le sol) était restée plantée dans la plaie et empêchait la créature de mener l'opération à bien.

Le hurlement s'intensifia, le corps de la chose perdit de sa consistance et semblait en ébullition. L'adversaire de la Rédemptrice tomba à genoux tandis que celle-ci, grommelant, se relevait en se tenant le nez qu'elle s'était durement cogné lors de sa chute.
Le cri de douleur de "Trucmou" cessa peu à peu et Nilawia, fière et victorieuse, se planta devant lui, son nez saignant à nouveau.

- Héhé! Décidemment, perrrsonne rrrésiste à la technique Nini!

Les bulles qui naissaient dans le corps de la créature devenaient de plus en plus grosses, la chose semblait avoir du mal à conserver sa forme et grondait dangereusement.

- Olah hé, pas de blague hein... - menaça la jeune fille d'un ton peu rassuré tout en reculant de quelques pas - Non… allez… pas ça... nonnnn... NOOOOOON!!!

Trucmou implosa alors, répandant sa substance gluante et noire aux quatre coins de la pièce, et en recouvrant la pauvre Rédemptrice de la tête aux pieds.

- Oh nonnn... - gémit-elle en tombant à genoux dans un *floc* peu ragoûtant - c'est dégeulasse... méchant...

Coupant court à ses plaintes puériles, des bruits de pas précipités résonnèrent dans les escaliers qui s'éclairaient à la lueur d’une lanterne. Les Nains du site de fouilles avaient sûrement été alertés par les bruits de la courte bataille. Jurant, Nilawia récupéra arme et bouclier avant de chercher frénétiquement la bague, écartant des mains le liquide épais. Elle la trouva in extremis, au moment ou deux Nains, la mine renfrognée, pénétraient dans la petite pièce.

Faisant volte-face, la jeune fille planqua l'objet de sa quête dans son décolleté, et jeta un regard penaud aux deux archéologues qui la regardaient d'un air stupéfait autant que furibond.

- Euh... c'est pas moi... je... c'est l'autrre là qui...



Un (sale) quart d'heure plus tard, boitant à côté de sa jument, Nilawia, toujours couverte des restes de Trucmou qui en séchant étaient devenus poisseux, reprenait la route de Stormwind, une main sur son arrière-train douloureux que les Nains s'étaient fait une joie de botter.

Au creux de sa poitrine, la "clé" d'Edonir luisait d'une clarté froide.

Plusieurs semaines s'étaient écoulées. De nombreux jours, riches en évènement et en émotions.

Nilawia avait passé la clé d'Edonir dans une fine chaîne de bronze qui ne quittait plus son cou, mais elle n'avait pas eu le loisir de penser à la suite.

Les préparatifs de la grande guerre avaient commencé, et la jeune fille partageait sa journée entre l'entraînement et la collecte de ressources. Si importante que fut sa quête, elle essayait de ne pas oublier son devoir, et donnait sans se soucier de sa personne, comme elle avait appris à le faire, comme lui...

La nuit venue, elle retournait à la cathédrale ereintée, les muscles douloureux, et s'éffondrait sur sa couche. Mais la sommeil ne venait pas... le sommeil ne venait plus, et n'était plus venu depuis que l'avatar d'Edonir lui était apparu...
Elle avait d'abord pensé que cela venait de sa peur de le revoir, et peut-être fut-ce le cas un certain temps... Mais passé la première semaine, elle dut bien admettre que quelque chose de plus grave la privait de repos.

Il y avait lui bien entendu. Il l'accompagnait toujours dans ses pensées, et il lui arrivait de passer des nombreuses heures à penser à lui avant de s'endormir et de faire des rêves dont la simple pensée la faisait rougir violemment. Mais lorsqu'elle pensait à lui, ça n'avait rien de désagréable, et le sommeil venait toujours...

Quoi alors? Sa quête? La guerre? Avait-elle peur de mourir? Avait-elle peur de ne pas être à la hauteur?

Bien sûr, qui n'avait pas peur...?

Mais c'était là des peurs qu'elle avait déjà côtoyé, et qui n'auraient jamais empêché une jeune guerrière fourbue de sombrer dans le sommeil!

Et c'est ainsi que chaque nuit, ignorant les plaintes de son corps épuisé, elle quittait sa chambre, la tête pleine de questions.



La troisième nuit après sa découverte de la clé, Edonir revint. Elle ne le vit pas, et sa voix était lointaine, résonnant faiblement dans son crâne, s'insinuant dans sa tête avec douceur, lui murmurrant d'une voix chaude, comme un amant qui vous chuchotte.

Il se contentait de lui parler, sans qu'elle sentit jamais le besoin de lui répondre. Le démon scellé lui racontait son passé, et lui parlait du temps qui avait defilé sous ses yeux de spectateur, des centaines de personnes qui l'avaient cherché, de la petite dizaine qui l'avait possédé, des guerres incessantes, de l'arrivée des Orcs, de la venue du Fléau et de tant d'autres choses.

Et Nilawia l'écoutait, heureuse de s'instruire, heureuse de ne plus passer ses nuits blanches seule face à une choppe.

Mais lorsque, quelques nuits plus tard, Edonir avait fini son récit, il s'était mis à chercher dans la mémoire de la jeune fille, et à poser des questions, beaucoup de questions. Et sans qu'elle le sache, chaque réponse qu'elle donnait ouvrait un peu plus son coeur et sa mémoire à la présence curieuse. Edonir en vint à poser des questions de plus en plus personelles, à mettre le doigt sur des choses que la guerrière avait enfoncé au fond de sa mémoire pour les oublier. Des peurs puériles, des doutes refirent surface, et Nilawia qui quelques jours aupravant attendait avec plaisir le coucher du soleil, en était venu à le redouter.

Car sitôt qu'elle se retrouvait seule à la nuit tombée, il parlait, il demandait, et il la faisait souffrir. Aussi essaya-t-elle de ne plus être seule, et à l'entraînement du jour suivit celui de la nuit.

Elle se lancait bien volontiers dans n'importe quelle quête, aidait quiconque en faisait la demande... et Edonir se taisait. Mais aux heures les plus noires de la nuit, où même les pires des aventuriers se reposaient, il revenait, et ses questions redoublaient, comme pour la punir.

L'alcool avait été un moyen. Durant quelques jours elle découvrit avec joie que les spiritueux avaient le don de lui embrouiller l'esprit à tel point que, non contente de ne plus entendre le démon, elle finissait par dormir.

Mais à force de passer ses nuits complètement ivre, elle attira l'attention d'autres Rédempteurs, auxquels elle ne put avouer son mal.
Une guerre arrivait bon sang! Pas le temps de s'occuper des insomnies d'une guerrière comme il y en avait des centaines! Et puis... cette certitude grandissante... elle savait que si elle en parlait, Edonir la quitterait, claquant juste sous son nez la seule porte qui menait à l'épée.

Et ça, pas question.

Elle continua de boire, buvant aussi pour oublier qu'elle buvait, buvant pour oublier la honte dont elle se couvrait. Et puis il l'avait appris. Et la colère, la déception dont il fit part à la jeune femme lui déchira le coeur.

Et alors que ce soir là, elle cherchait à réunir le courage nécessaire pour arrêter de boire et affronter de nouveau la voix, elle apprit... elle apprit qu'il aimait quelqu'un, et que tous ses discours sur son incapacité à aimer quelqu'un tant qu'il n'aurait pas quitté le chemin de la guerre n'étaient que du vent. Toutes ces semaines à suivre son exemple et ses idéaux, toutes ces lettres qu'elle avait passé des heures à lui écrire sans trouver la force de les lui donner, toutes ces fois où elle s'était inquiété pour lui, ou elle avait pris soin de lui, tous ces efforts qu'elle avait fait pour cet homme qui lui avait menti!
Et dire qu'elle s'en était voulue de lui avoir caché son mal-être! Qu'elle avait envisagé de se confier à ce sale type qui... que...

- Que j'aime bon Dieu...

Le visage dans les mains, Nilawia pleura à chaudes larmes, partagée entre la déception et cette affligeante constatation: elle lui pardonnait déjà. Et elle prit conscience que quoi qu'il fasse elle lui pardonnerait. La traînerait-il dans la boue qu'elle ne lui en voudrait pas. Tuerait-il toute sa famille qu'elle ne l'aimerait pas moins.

- Ahlala... c'est ton premier chagrin d'amour poulette? T'en fais pas va c...

Et voila l'autre qui revenait...

- Ah ta geule hein, c'est pas le moment!

Et ignorant royalement les clients surpris, elle s'était remise à boire, à boire bien plus que de raison. Elle croisa Shalimar et le célèbre prêtre Mordecai qui, une fois au fait de la situation, tentèrent de raisonner la jeune fille. Nilawia envisageait déjà d'utiliser l'épée à ses fins pour qu'il l'aime elle. Mais ses deux nouveaux compères ne la lâchait plus, tentant de la raisonner, l'obligeant à se résigner, et à accepter.

La soirée se solda par une tentative de suicide pas vraiment volontaire mais que la Rédemptrice trouva bienvenue sur l'instant. Mais son âme fut rammenée in extremis et c'est avec un mal de tête hors normes qu'elle se reveilla le lendemain matin, encore plus honteuse que la veille.

Toujours attristée par ses découvertes, elle écrivit une lettre au Commandeur pour abandonner sa candidature au poste d'officier, qu'elle avait redigé quelques jours plus tôt, et fut plus que surprise de le voir lui répondre qu'il acceptait l'entrevue qu'elle lui avait demandé.

Durant cette rencontre involontaire mais ô combien bénéfique, la jeune fille avoua gauchement ses sentiments à son supérieur, et jura de ne plus jamais boire une fois que celui-ci se fut excusé d'avoir menti.

Réunissant toute la volonté dont elle disposait, elle fit face à Edonir, tentant, en vain, de lui fermer les parties les plus secrètes de son esprit tout en essayant d'accepter que son amour ne lui serait jamais rendu. Il ne l'aimait pas, soit, mais cela ne l'empêcherait pas, elle, de l'aimer encore. Et fidèle aux préceptes de l'Amour véritable dont on lui avait fait l'éloge, elle se jura de tout faire pour le bonheur d'Erthran sans se soucier d'elle.

Les semaines passèrent, et les choses semblèrent aller mieux. Consciente qu'elle avait besoin de se recentrer et de faire un gros travail sur elle-même, Nilawia continuait de s'entraîner pour se vider l'esprit.

Chose surprenante, les cernes qui étaient apparues sous ses yeux et la fatigue qui alourdissait ses membres disparurent peu à peu, quand bien même continuait-elle de ne pas dormir. La présence d'Edonir la dotait d'une constitution presque miraculeuse.

- C'est rien, t'en fais pas. Et c'est juste un tout petit aperçu de la puissance que tauras quand tu vas trouver l'épée tu peux me croire! Je sais que t'en as chié ces derniers temps, mais ca m'a permit d'établir un lien entre nous, comme ça j'peux te passer un peu de ma force, tu piges?

Et elle pigeait très bien en effet. Ce qu'elle ne pigeait pas, par contre, c'était que les idées du démon prenaient peu à peu la place des siennes, et qu'en échange de cette incroyable vitalité qu'elle acquerait, Edonir s'emparait de sa volonté.

La seconde semaine, elle ne mangeait et ne buvait plus que par gourmandise, la troisième, ne se nourrissant plus, elle ne ressentit plus le besoin d'aller aux toilettes, et son envie de dormir lui parut lointaine.

Et tous les marchands vous le diront, rien de mieux qu'un échantillon pour donner envie au client. La guerrière avait de plus en plus envie de trouver l'épée!

De jour elle continuait de donner l'illusion d'aller bien, s'entraînait durement, mangeait et buvait avec entrain (sans trop savoir où toutes ces denrées pouvaient bien aller) et ne donnait pas l'impression d'avoir changé.

Mais sitôt la nuit tombée, accompagnée par cette voix désormais si familière, elle arpentait le monde, poussant à bout sa jument, explorant chaque recoin. Edonir ignorait les plaintes de la jeune fille, qui le priait de lui dire où était l'arme, mais elle n'en continuait pas moins de chercher.

La fatigue et la douleur ne lui étaient cependant pas epargnées, et même si elle savait qu'elle pouvait pousser son corps bien plus loin (ce dont elle ne se privait pas), elle rentrait à l'aube perclue de douleurs, et malheureusement bredouille.
Cette façon d'agir l'avait quelque peu coupée du monde, et il lui fallut un certain temps pour réaliser que tout n'allait pas aussi bien qu'elle le pensait.

Quelque chose était arrivé à Erthran! Et à un ancien membre des Lueurs, arrêté peu de temps avant qu'elle entre dans la guilde. D'après ce qu'elle avait comprit, un drôle de type leur avait sortit un caillou de la tête et les avait echangés. Elle s'était empressée de rencontrer de nouveau le Commandeur qui ne l'était plus, et s'assura avec soulagement qu'il n'avait pas autant changé qu'on le prétendait.

Elle oui, cependant... tout ce temps passé à se remettre en question l'avait faite mûrir et lui avait permit d'y voir plus clair. Avouant enfin de façon claire à Erthran qu'elle l'aimait, elle se libéra d'un lourd fardeau qui pesait sur son coeur, et c'est l'esprit bien plus léger qu'elle retrouva tous ses frères d'armes au cours de la réunion mensuelle.

Il y fut sujet de l'admission de Fidweten, très contestée par ceux-là même qui ne s'étaient pas privés de trouver refuge et absolution chez les Rédempteurs, et elle observa avec incrédulité ses amis affirmer leur manque de confiance envers leur Commandeur. Profondémment dépitée, se disant que malgrés les dires, ce n'était pas erthran qui avait le plus changé, elle quitta l'assemblée et retrouva l'ancien Commandeur bien plus tard, accompagnée de Shalimar.

Le paladin, quelque peu anéanti par la manque de foi de ses hommes était en proie à une dualité que Nilawia ne comprenait que trop sans pouvoir l'avouer. La soirée se clôtura avec l'annonce de la mort de l'aimée d'Erthran, qui partit sur-le-champ à la recherche du corps dans le fol espoir de la rammener.

Nilawia de son côté repartit en quête de l'épée, se promettant que la première chose qu'elle ferait en la trouvant serait de resusciter celle qui faisait battre le coeur de celui qui faisait battre la sien.

[HRP]Bon, désolée, ce post ci est vraiment lamentable, mais le point de réunion entre les deux parties des mes derniers post approchant à grands pas, je me devais de décrire un peu l'état d'esprit de nini. Promis, la suite sera plus intéressante ^_^ D'une part parce que je ne serais plus seule à l'écrire (David Eddings m'a dit qu'il passerait Comment ça c'est pas vrai? -_-) et parce qu'un belle surprise (enfin "belle"...) va donner naissance à des évènements auxquels j'espère que vous prendrez plaisir à participer! Donc encore toutes mes excuses, et à bientôt ^_^[/HRP]

Suis toujours fidele lectuer et fan!! :p

Continue!!!

Continue, ca fait du bien aussi de savoir ce que pense Nini, et la révélation d'un amour jusque là inavoué fut une belle surprise pour moi. Mais j'ai quand même une petite remarque à faire : "Y'en a toujours que pour le Commandeur d'abord !!"

A part ça, ta petite note hrp m'a refait pensé à un ancien post, que je vous laisse "upper" à votre guise... C'est ici.

Désolé de cet intermède, un modérateur pourra supprimer ce post. Continue dans ton récit Nini, on attend la suite.

Ce fut une folle soirée effectivement sur la fin, et bien racontée tout ça. Pauvre nini! Vous aurez en parallèle, et le moment venu pas mal de liens en rapport. Faut juste que je trouve le courage d'écrire aussi...

Elle l'avait peut-être remarqué un peu tard...

Il avait commencé son travail sitôt pendu au cou de la jeune fille. Au contact de la peau de son torse, il s'était patiemment nourri des doutes et des peurs qu'Edonir faisait naître en elle. Avait alors commencé un étrange phénomène...

Sa peau, remontant tel des lierres, se hissa sur la surface lisse et ronde de l'anneau sombre, qui s'enfonçait peu à peu, sans douleur. Nilawia ne le remarqua pas, le démon la possédait suffisament, et empêchait le regard de la guerrière de s'attarder sur l'objet.

Et puis elle l'avait rejointe. On dit que les femmes sont changeantes, mais celles qui sont loin de l'être encore plus. Oublié cet homme devenu si froid qu'elle avait crû aimer. Il avait sonné le glas de son amour à l'instant même où il prétendit se porter comme un charme, au lendemain de la mort de celle qu'il aimait.
De ce fait, soit Erthran fanfaronnait, ce qui signifiait qu'il lui mentait de nouveau, soit il se portait réellement bien, ce qui était pire.

Et dans tous les cas c'était inacceptable.

Mais le coeur de la jeune Rédemptrice n'avait pas tardé à la pousser vers quelqu'un d'autre.

Et au contact de cette personne plus que de toute autre, elle se sentit apaisée, et curieusement seule. Edonir ne s'exprimait plus du tout, semblait avoir disparu. Car même sans parler, le démon ne quittait jamais l'esprit de la demoiselle qui sentait sa présence. Mais là... plus rien...

Passée cette surprise qui la soulageait autant qu'elle la terrorisait, elle entreprit de se confier à cette personne, décidée à lui faire confiance, croyant naïvement qu'aucune relation digne de ce nom ne pouvait comporter de secrets ou de zones d'ombre.


Evoquant la clé d'Edonir, elle la montra, et constata enfin que le mal était fait... La bague était à moitié enfoncée dans son torse tandis que sa peau continuait sa lente reptation.
Tentant de masque le trouble dans lequel la plaçait cette découverte, elle s'efforça de ne pas céder à la panique. Comment avait-elle bien pu ne pas s'en rendre compte bon dieu?!

L'absence d'Edonir lui rendait sa lucidité et toutes ses facultés, pourquoi le démon scellé ne l'avait-il pas prévenue de cet anneau répugnant qui lui rentrait dedans? Il se payait sa tête? Lui aussi?

Se promettant de régler la question plus tard, elle s'efforça de profiter pleinement de cette soirée, se laissant volontiers emporter par ce doux sentiment qu'était l'amour, rêveuse.

Au sein de la guilde, l'ambiance était des plus maussade. De nombreux membres quittaient l'ordre en jetant des accusations, estimant probablement que c'était bien mieux que de rester et de proposer des solutions calmement. Les membres restants n'étaient pas dans un meilleur état, de nombreuses tensions régnaient, et les personnes qui l'avaient autrefois traitée avec condescendance et un certain amusement semblaient aujourd'hui la méprise,r l'ignorer.

Est-ce qu'elle en demandait trop? N'était-elle qu'une gamine possessive et egoiste en manque d'attention? Non bon sang, ce n'était tout de même pas trop demandé que de répondre à ses questions! Mais apparement si... de plus en plus souvent on l'ignorait, ses questions restaient sans réponses, ses remarques étaient esquivées, ses avis ne soulevaient aucun interêt.

Qu'avait-elle bien pu faire pour mériter cela? Pourquoi elle qui faisait de son mieux pour concilier tout le monde avait-elle le sentiment d'être la moins utile? On refusait son aide, on ne l'écoutait pas, ils la croyaient trop jeune, trop bête? Soit.

Elle avait mieux à penser... le nouvel objet de son amour l'inquiétait. Elle ne survivrait pas à une seconde déception amoureuse. La personne vers laquelle se tournaient toutes ses pensées était rarement là, elle s'était absentée plusieurs jours durant, revenue la bouche chargée de secrets.

"Je peux pas le dire", "Tu verras plus tard", "Bientôt, tu comprendras"... tant de questions une nouvelle fois évitées, même par elle, elle qui lui avait promis de ne pas lui mentir...

- Mais au nom des Dieux, ne rrrien dirre c'est comme mentirrr! C'est comme UN PUTAIN DE MENSONGE!

A présent étendue dans la boue de la rivière qui servait de frontière entre la paisible forêt d'Elwynn et les sombres Bois de la Pénombre, la jeune fille pleurait et tempêtait tant qu'elle pouvait. Son communicateur gisait dans l'herbe à quelques mètres de là, allumé, après qu'elle y ai hurlé des propos à l'encontre de son nouvel amour et qu'elle regrettait déjà, puis rageusement jeté au sol.

Elle était perdue, avait tellement peur de subir une nouvelle déception, d'être à nouveau seule, qu'elle n'avait put s'empêcher d'imaginer le pire à chacun de ses gestes, à chacun de ses mots... Cette peur occultait tout bon sens (et peut-être que quelque chose, ou plutôt quelqu'un contribuait grandement à cet état), la rendait susceptible, fragile, et elle ne pouvait plus le supporter.

Profitant de cet abîme de désespoir nouvellement apparu, se délectant de cette poche de colère et de tristesse qui avait finalement éclate, l'anneau s'enfonçait, n'ayant plus à craindre d'être remarqué.

Elle ne ressentit rien, ne sentit pas l'objet s'enfoncer dans son thorax pour finalement le traverser, creusant comme un second nombril juste entre ses seins, dans lequel s'enfonçait la chaîne toujours rattachée à son cou. Elle ne sentit pas cet objet maudit s'enfoncer dans ses chaires et se coller telle une sangsue à son coeur et à son âme, dans lesquels il déversa toute sa noirceur.

Une nouvelle déception amoureuse... oh oui, si fait, oui-dà pour sûr! Encore des mensonges, encore du mépris, on s'était encore payé sa tête... soit, ce serait la dernière fois...

- Pourrrquoi vous m'faites tous mal. - gémit-elle, les yeux fixant le vide- POURQUOI!!!? Pourrrquoi vous êtes tous aussi mauvais... pourrrquoi ce foutu monde est aussi pourrri?! J'en ai marrre de voirrr tout ça... marrre de vous voirrr.... J'VEUX PLUS JAMAIS VOUS VOIR!!!!

Son poing frappa le sol dans un dernier geste puéril et haineux, et s'entailla sur un objet froid et coupant.

Bois de la pénombre, cimetierre de la colline aux corbeaux. Au fin fond de la crypte, dans un tunnel creusé par on ne sait quel mineur farfelu dans un but qui ne l'était pas moins. L'endroit sent bon la terre rendue humide par la rivière proche et le renfermé. Les odeurs du sang et de la mort restent cependant les plus présentes.
Des centaines d'insectes rampants de toutes tailles se déplacent en silence sur les parois inégales du tunnel, le long des larges racines mises à nu, grouillant dans le sol boueux.

Robert passa de nouveau, claudiquant, la tête penchée, tous ses os claquant à chacun de ses pas. Comme à chacun de ses passage, le squelette rebaptisé à la mémoire courte jeta un oeil à la forme sombre appuyée au mur de terre, la tête basse, puis continua sa route : Aucun danger, ou peut-être trop.

Le souffle court, recroquevillée, Nilawia gisait, ses yeux fixant le vide, inexpressifs.

Tombant de son menton après un long et lent parcours sur ses joues, une goutte de sang émit un son mat en allant rejoindre ses milliers de consoeurs qui avaient déjà entrepris de teinter le sol de rouge.

Elle poussa un soupir chevrotant, acceuillant avec une certaine grattitude la lente disparition de la douleur qui lui avait vrillé les yeux des heures durant. Sa vue revenait peu à peu, tout restait flou, mais c'était mieux que rien. Elle verrait mieux très bientôt, et puis elle/il avait tout son temps.

Perdue dans ses pensées, elle se remémora les évènements des derniers jours avec incrédulité, tout cela s'était-il vraiment passé?



On l'avait retrouvée dans les catacombes de la cathédrale. Ivre de fureur et nouvellement aveugle, elle s'y était rendue tant bien que mal pour récupérer ses affaires, avec la ferme intention de repartir sur-le-champ abattre Edonir. Mais elle avait rapidement perdu ses repères et après de longs moments d'errances et d'innombrables chutes, sa colère se dissipant, laissant place à une terreur primaire, elle se roula en boule dans un coin, pleurant à nouveau, les mains plaquées sur ses yeux désormais inutiles.

Elle l'avait retrouvée, bien sûr... elle la retrouverait toujours, fut-ce-t-elle à l'autre bout du monde, et elle l'avait conduite en un lieu sûr pour panser ses plaies. Et Nilawia s'excusait, encore... elle passait son temps à demander pardon, et on lui pardonnait... mais lui pardonnait-on vraiment? Elle était plutôt bien palcée pour savoir que lorsque quelque chose vous blesse, on est pas près de l'oublier...

Un sentiment curieux... une agréable lascitude s'empara d'elle, accompagnée d'une sensation de déjà vu... le sommeil, la fatigue... son ventre gronda alors qu'elle était allongée sur un lit, dans la maison d'un parfait inconnu. Elle réalisa soudain à quel point sa gorge était sèche, mais elle renonça à étancher sa soif comme à calmer sa faim, se ruant bien volontiers dans les bras du sommeil.

Quelques jours plus tard, sortant enfin de son léger coma, la jeune femme s'étira, priant intérieurement pour que tout ce qui s'était passé n'ait été qu'un mauvais rêve, elle était chez elle... non! Elle était chez son tuteur! A Forgefer, dans ce lit défoncé aux draps puant le tabac froid et la bière, dans cette pièce qui sentait la poudre, la poussière et le cuir. A cette époque ô combien lointaine où elle en était encore à se demander ce qu'elle ferait de sa vie et où son seul soucis était cette poitrine si dérangeante qui poussait.

Elle ouvrit les yeux... le noir... perdu...

La pièce sentait le vieux livre et les médicaments, les draps exhalaient une odeur rance de sueur que le parfum des quelques fleurs qui devaient être disposées quelques part n'arrivait pas à masquer. Elle était bien là, à cette époque ô combien réelle, se souciant de son avenir comme d'une guigne, et n'accordant d'importance à sa poitrine qu'à cause de la chaîne qui s'y enfonçait.

Quelque chose grogna à côté d'elle. Approchant une main à tâtons, elle passa ses doigts sur une longue chevelure, effleura une barbe piquante et se laissa guider par des rides profondes... Cartoril.

Nilawia ne put s'empêcher de sourire, imbibant les bandages qui ceignaient ses yeux de quelques larmes. Pour une fois qu'elle pleurait de joie, elle n'allait pas se priver.

Les jours suivant alternèrent des longues périodes d'ennui et des brefs moments intenses. Elle n'avait plus revu Shalîmar depuis qu'elle s'était endormie... enfin... "revu"...
Cartoril s'était fait fort de veiller sur la jeune fille et passait ses journées à son chevet, lui lisant des histoires assez spéciales que la guerrière, le visage en feu, s'efforçait de ne pas trop écouter.

Son amour revint enfin la voir, accompagnée d'un homme des plus désagréable. Ce soi-disant ami dont tout son être se méfiait. Même aveugle, elle sentait bien que quelque chose n'allait pas. Shalîmar gardait bien trop souvent le silence, ne répondant pas aux questions de la jeune fille, tandis que cet... "ami" répondait à sa place, semblant tout décider.

- Et j'ai une grande nouvelle pour toi bibiche: c'est ta faute. Ben oui encore... Tu la rends malheureuse, tu l'affaiblis, tu t'es precipitée vers elle en lui imposant tes sentiments sans te soucier des chamboulements que ça pouvait causer chez elle. Tu penses qu'à toi ma chérie... enfin j'suis plutôt mal placé pour parler mais quand même...

Et une fois de plus ce démon honnit avait raison. Comment pouvait-ele faire preuve d'autant d'égoïsme... comment pouvait-elle prétendre aimer si elle ne pensait qu'à elle?

Un autre soir, ce fut au tour d'Erthran de lui rendre visite, accompagné de Gatt et d'Ylmora. Cherchant de l'aide Shalîmar avait tout révélé aux Rédempteurs dans l'espoir qu'ils sauraient quoi faire. Mais la situation s'envenima rapidement, l'ancien Commandeur se faisait pressant, son avidité était palpable. Mais aussi décevant que fut le comportement de celui qu'elle considérait comme un modèle, Nilawia ignora Edonir qui l'exhortait de tout révéler d'un ton plus qu'amusé, et s'entêta à ne rien dire, refusant les solutions qu'on lui proposait, gardant pour elle l'emplacement de l'épée. Erthran quitta la pièce, furieux.

Les jours suivants furent plutôt calmes, ponctués de quelques visites et de beaucoup d'ennui. Nilawia, ignorant royalement sa mise à pied continuait de diriger les efffectifs des ombres, se tenant au courant de tout ce qui se passait dans l'espoir de pouvoir être d'une quelconque utilité.

Pendant ce temps, la jeune fille menait son propre combat, face à l'avancée d'Edonir dans son esprit, transformé en véritable champ de bataille. La bague, qui entreprenait à présent de pénétrer dans son coeur, l'élancait constamment, la privant bien souvent de sommeil.
Le lien avec le démon se renforçait. Avec ce qu'elle considérait comme de la prudence, la jeune guerrière offrait des parties de son esprit à Edonir, accèdant à certaines parties du sien, protégant les plus intimes de ses pensées de la corruption.

Une idée germa alors. Ironiquement, c'était Erthran qui la lui avait donnée, en proposant e perdre la vue au cours d'un rituel pour la rendre à Nilawia. Si un tel rituel était possible, elle pourrait sûrement l'exécuter sur Edonir en profitant de leur lien, et lui prendre ses yeux! Elle n'aurait alors plus qu'à aller chercher l'épée, invoquer son prisonnier à son tour aveugle, et l'abattre avec facilité!!! Oui! Bon dieu, c'était génial!

Espérant de tout son coeur que l'idée venait bien d'elle et que ce n'était pas encore un mauvais tour de son locataire spirituel, Nilawia, usant des connaissances de ce dernier, s'efforça de mettre son idée en oeuvre. Le transfert, affreusement douloureux, lui prendrait plusieurs jours, n'ayant pas le courage de le mener à bien d'une traite.
La honte l'envahissait à l'idée de devoir garder le secret pour avoir une chance de maintenir Edonir dans l'ignorance. Mentir aux personnes qui prenaient soin d'elle... avait-elle changé à ce point...

Au fond de son coeur, alors qu'Edonir prenait un malin plaisir à malmener l'amour qu'elle avait pour Shalîmar, Nilawia conservait précieusement son amour pour une autre personne qu'elle avait appris à apprécier et à reconnaître à sa juste valeur, la considérant non pas comme un amant, mais comme un membre à part entière de sa famille et de sa vie.


Vint enfin le jour où, alors que Nilawia, ayant reçu la visite de Shalîmar, Cartoril et Lance, sombra définitivement. Tout semblait bien se passer. L'"ami" de Shalîmar était passé, et le démon exultait, ayant apparement vu ou compris quelque chose. Mais cela n'avait pas suffit à gâcher cette soirée. Jusqu'au moment ou, sans raison apparente, Shalîmar sauta dans le vide en usant d'une potion de lévitation, bientôt suivie par les deux hommes qui souhaitaient probablement voler à sa rescousse. Seule, perdue, inquiète,Nilawia s'efforça de comprendre ce qu'il se passait, mais aucune réponse ne vint.

- Ben mince... encorrre une fois me voila... ignorée.

Dans son crâne Edonir semblait sauter de joie, terriblement amusé par le dpéit de la jeune fille. Voila plusieurs jours qu'on prenait soin d'elle, et elle avait résolumment repoussé l'idée insidieuse qu'elle n'aurait pas bénéficié d'autant d'attention si elle n'avait pas été la seule à savoir où se trouvait l'épée. Mais maintenant qu'elle se retrouvait seule et si subitement abandonnée, assise dans la neige sans réponse à ses inquiétudes, cette idée ne paraissait peut-être pas si stupide...

Le démon prisonnier continuait d'assombrir la moindre de ses pensées, elle n'était plus capable de savoir où était la verité dans tout ce qui se passait, et sa cecité n'arrangeait rien, la forçant à faire des hypothèses rien moins qu'objectives.

Tout cela devait cesser, et vite, avant qu'elle ne perde définitivement la raison et l'amour de ses amis.

Se concentrant, elle poursuivit le transfert, ignorant la douleur dans ses yeux, se répandant dans ton son corps tel un poison. Comme à chaque essai, du sang imbiba ses bandages, dont elle se débarassa rapidement.

Activant sa pierre de retour, elle s'adressa rapidement à Cartoril qui, après avoir sauté, pseudo-agonisait quelques mètres plus bas, Shalîmar et Lance disparus dans la nature. Elle expliqua au vieux mage ce qu'elle comptait faire, s'efforçant de ne rien laisser transparaître de la douleur qui l'étreignait, espérant peut-être que le Magnifique saurait la convaincre de s'arrêter, demandant pardon... encore...

Arrivée à l'auberge du quartier commerçant, ignorant les regards inquiets des clients présents, elle se rua vers la Cathédrale et sa chambre. Elle ne voyait presque rien, des formes plus que floues et bien trop lumineuses. Mais cela suffisait amplement à quelqu'un qui avait passé ces denriers jours dans la plus complète obscurité.

Sortant du saint edifice quelques minutes plus tard, son équipement empaqueté, elle sortit de la ville, Cartoril sur les talons, traversa la forêt d'Elwynn et atteint la ferme familiale pour récupérer sa jument, qu'elle fit galoper jusqu'au cimetierre de la colline aux corbeaux, avant d'aller se réfugier dans la crypte où elle se trouvait présentement.



Le haut de sa robe, arraché furieusement, trempait dans la boue à l'entrée du tunnel. Furieuse, haineuse, elle l'avait ôté, et tiré de toutes ses forces sur la chaîne de son collier, décuplant la douleur sans autre résultat que la faire saigner.

Un insecte carapacé et sombre remontant rapidement le long de son bras, le sortit de ses pensées. Attrapant avec dexterité l'insecte entre deux de ses doigts, elle le porta à son regard jaune et perçant. Une immonde odeur de brûlé et de putréfaction émana de l'insecte, tandis que les doigts corrosifs du démon méttaient un terme à son infignifiante vie.

Un sourire aux lèvres, il lâcha la créature, et observa ses mains qui n'étaient pas les siennes. Baissant le regard, il observa le buste nu de la guerrière, et suivit du doigt le mince filet de sang qui partait du trou sur sa poitrine et sinuait jusqu'à son ventre. Prenant dans ses mains les seins chauds de la jeune fille, il les carressa quelques instants et poussa un soupire de plaisir mêlé de soulagement.

- Ca faisait longtemps... quel bonheur de sentir à nouveau... t'en fais pas petite, je prends les commandes, on va bien s'amuser héhé j'ai des tonnes d'idées, et des milliers de trucs dont j'ai très envie de retrouver la sensation.

Grommelant, Edonir se leva, et sortit du sac que Nilawia avait remplit à la Cathédrale de nouveaux vêtements plus discrets. Se laver, s'amuser, régler quelques détails et puis... "la" rencontrer, il était impatient que le jeu commence.

[HRP: Bonsoir.

Juste ce petit mot pour vous présenter mes excuses: le bg de nini s'arrête là et ne finira pas vraiment en accord avec les textes.

Rp parlant elle est morte (perso supprimé à l'instant histoire d'éviter les resu miracles que j'aurais très certainement envie de faire dès que les regrets m'etriendront XD) suite à la mort de la personne qu'elle aimait, dont elle était responsable. Ajoutons à cela sa récente possésion et le fait qu'elle ai faillit mourir trois fois en meme pas une semaine, il lui en aura pas fallu d'avantage pour finir de virer complètement folle et mettre fin à ses jours.

Hrp parlant, pas grand chose je vous rassure, je m'plais bien dans cette guilde, j'ai tissé des liens avec beaucoup d'entre vous que je ne souhaite pas perdre du tout. Mais le plaisir décroissant que je prenais à jouer mon rôle, essentiellement dû au fait que ca ne vas pas super fort dans ma vie privée (pas de détails j'vous rassure je vais faire court) ont facilité ma décision.

Je compte un peu m'éloigner du jeu quelques temps, et reviendrais probablement chez les Rédempteurs avec un nouveau perso.

Toutes mes excuses pour ce départ brutal, en espérant que vous ne m'en voudrez pas ^_^

A bientôt peut-être.[HRP]

reviens nous vite, avec un gros mec bien poilu, pourquoi pas

Byark que veux-tu que je fasse d'un mec poilu XD

Bon, dernier post pour vous préciser l'état actuel des choses:

Nini est morte.
Personne ne le sait. Pour tous, hormis Cartoril, Lance, Donatius et Shalîmar qui l'ont vue mourir, Nini a juste disparu ^^

L'âme de Shalîmar à été sauvée (elle n'est donc pas morte), mais Nini à conclu un pacte avec Edonir, pour que le démon arrache tous les souvenirs de Nilawia dans la tête de Shalîmar (donc shali à vu une morte mais ne sait pas du tout qui c'est).

Le corps de Nini est en stase, pris dans la glace dans une grotte reculée de stragleronce, fortement protégée par des sorts que Cartoril y à placés après avoir congelé ma guerriere ^^

L'âme de mon perso a été enveloppée par Edonir a et disparu (une suite peut etre un jour ^^).

Je continue de participer sur le forum pour tout ce qui sera Hrp, je laisse pas tomber la guilde, et je prépare un autre personnage qui va rejoindre les redempteurs, pour continuer de contribuer en rp aussi.
A très bientot donc : )

Merci à Nini d'avoir posté ceci pour pallier à ma flemmardise qui commence à devenir trop visible.

Petites précisions:

• Cartoril ne l'a pas enterré car il est persuadé que l'ame de Nilawia existe toujours quelque part et qu'elle le recontactera peut être un jour pour reprendre possession de son corps
  
• Je crois que Shalimar ne sait pas qu'il s'agissait d'un cadavre que Cartoril avait dans les bras, probablement une femme endormie (enfin, à ce que j'ai cru comprendre)
  
• Seule Carto sait où se trouve Nilawia actuellement
  
• Il l'a protegé, notament, avec des sorts d'anti detection magique, de sorte qu'il faudra probablement passer par lui pour en apprendre plus, s'il accepte de parler
  
• J'aime manger de la pastèque
  
• C'est pas vraiment important, mais je tiens à le dire au cas où, j'ai fait appel aux seuls pouvoirs que les mages semble avoir à leur disposition à mon humble avis. Donc en gros, agir sur le feu, le gel, et la magie en elle même. Les protections sont donc probablement des sortileges de destructions pour les petits curieux, peut être de l'invisiblité s'il s'avere que les mages y ont accés, et pourquoi pas un mur infranchissable, pour faire dans le super bourrin (et oué, il est balaise carto hein?)
  

Total HRP

- Shalîmar ne se souvient plus de rien concernant nilawia, ses souvenirs lui ont été arraché, sa mémoire a été violé. De leur première rencontre, jusqu'à ce moment-là. Elle ne ressent qu'un grand vide, un énorme manque sans en connaitre les raisons, la sensation d'avoir perdu quelque chose de très important sans savoir exactement quoi. Un unique trou noir en guise de réponse et inaltérable, il y a quoi devenir fou.

- Shalîmar, en voyant le corps de nilawia dans les bras de carto, pensait que c'était une "dame malade", et n'a pas cherché plus loin. Donatius sait, en farfouillant l'esprit de ma misstinguette, qu'on lui a retiré ses souvenirs et n'en parlera donc plus, pensant que c'est le mieux. Quand à lance, il était plus ou moins épuisé, et fera peut-être la même chose.

- Il s'avère évident que si d'autres, se souvenant de nilawia et de shalî ensemble posent des questions, que miss mage givrée veuille tenter de comprendre, curiosité oblige et cette recherche cruelle et insatiable de la vérité, on verra donc le moment venu. Cependant, les derniers évènements l'ont rendu instable, son équilibre mental en prend un gros coup et elle vacille doucement.

- Je ressens aussi la lassitude de ce perso, que j'ai joué intensément pendant un mois. M'est avis que je vais repasser un peu sur autre chose quelques temps, et comme je serai moins présente irl, par la suite... J'ai quelques scénarios à achever dans lequel mon perso est impliqué, je verrai donc par la suite, mais une pause s'annoncerait bénéfique. Je ressens la même lassitude avec d'autres visages, et moyennement envie d'en prendre encore d'autres, même bc ne me passionne pas des masses. Donc, une pause ne serait pas un mal.

Alors que shalîmar venait d'un serveur typiquement pve, (ouais elle en serait à naxxramas, set qui roxx, langage kikoolol etc... ), elle n'avait à la base aucun bg, aucune histoire. Merci à vous, de m'avoir permis de lui donner vie, de la faire vivre, et d'en faire quelque chose de moins fade que ce qu'elle aurait dû être à la base. Merci pour les moments intenses, que ce soit de rire ou à l'inverse les moments tout tristounets. Certaines personnes du duché auront permis aussi cet avancement, (donatius/lance), ainsi que les copains crocs sur patte. Personnellement, je ne regrette pas d'avoir transféré mes persos pour avoir enfin accès à autre choses que des instances sans fin à refaire des centaines de fois, et donc vive le rp et les randoms 6 ! Et merci aux joueurs/joueuses derrière qui permettent tout ces instants sympathiques.

Voili, voiloù.